Aides: les entreprises s’allient pour mieux peser sur les autorités

En ces temps de crise, les entrepreneurs ont compris qu’il était primordial de s’unir pour faire entendre leurs revendications. Conséquence logique, les associations professionnelles se multiplient à Genève.

  • Depuis quelques mois, le lobbying auprès des politiques prend de l’importance. UNSPLASH

    Depuis quelques mois, le lobbying auprès des politiques prend de l’importance. UNSPLASH

«L’Etat ne peut écouter toutes les entreprises individuellement»

Olivier Emch, président du Groupement des agences de voyages de Genève

C’est bien connu, l’union fait la force. Surtout en période de pandémie comme le relève Arnaud Bürgin, directeur des associations professionnelles à la Fédération des entreprises romandes: «La crise sanitaire et économique actuelle a démontré la nécessité pour les entreprises d’être regroupées en association, tant au niveau national que cantonal, fédéralisme oblige. Les associations professionnelles jouent un rôle essentiel de soutien aux membres en répondant à leurs questions, en les accompagnant dans cette crise et en tentant de trouver des solutions pour les soutenir, notamment dans le cadre des aides mises à disposition par les autorités pour les secteurs d’activité les plus impactés.»

Nouvelle association

Dernier exemple en date, la naissance de l’Association événement congrès Genève (AECG) qui compte déjà 35 membres: «Cela faisait des années que nous parlions de créer une association faîtière cantonale des métiers de l’événementiel, rappelle son président Antoine Darbellay. La crise actuelle a accéléré cette idée. Le but est de pouvoir parler d’une seule voix auprès des autorités politiques. En créant cette association, nous nous sommes rendu compte que notre secteur employait environ 600 personnes à Genève et représentait des retombées économiques pour le canton de l’ordre de 450 millions par année, hors Palexpo.»

Se parler pour mieux se faire entendre, c’est devenu le credo de nombreux secteurs dont celui de la sous-traitance horlogère: «Avant les sous-traitants étaient très indépendants et plutôt individualistes dans un secteur horloger discret, note David Sokoloff, cofondateur de la jeune association Sous-traitance de l’industrie horlogère suisse (SIHS). Maintenant, chacun est ouvert à la discussion, aux alternatives et aux collaborations et partenariats. Notre association travaille dans ce sens.»

Contacts étroits avec les élus

Une ouverture à la discussion essentielle pour débloquer certaines situations: «Sans nos associations nous n’aurions pas pu être reconnus comme cas d’extrême rigueur, note Olivier Emch, président du Groupement des agences de voyages de Genève (GAVG). L’Etat ne peut écouter toutes les entreprises individuellement.» Antoine Darbellay ajoute: «Notre association a grandement pesé dans la décision du Canton de prendre en charge l’ensemble de nos coûts fixes en lieu et place de coûts réduits, et plus particulièrement les charges sociales et patronales.»

Faut-il en déduire que le lobbying auprès des politiques a pris de l’importance ces derniers mois? «Forcément, les contacts sont pris au plus haut niveau et des relais sont maintenant établis au niveau politique afin de faire passer nos messages et faire en sorte que le monde politique connaisse davantage notre branche, précise Thierry Lavalley, président de la Société des hôteliers de Genève (SHG). Les cas de rigueur en sont le meilleur exemple où nous avons dû faire un lobbying très actif.» Arnaud Bürgin complète: «La complexité des sujets nécessite une plus grande proximité avec les élus cantonaux et fédéraux qui sont, rappelons-le, des miliciens.»

Une proximité qui pourrait perdurer après la pandémie…