Alexandre de Senarclens: «Il faut dépoussiérer l’administration»

GRAND CONSEIL • Une motion du PLR vise à mieux exploiter le potentiel de l’Etat en matière de mobilité, notamment en favorisant le passage du personnel entre départements. Une flexibilité soutenue par le ministre des Finances et les syndicats, mais à certaines conditions. Explications.

  • Pour le député Alexandre de Senarclens, il faut «valoriser les talents» des employés de la fonction publique. FRANCIS HALLER

    Pour le député Alexandre de Senarclens, il faut «valoriser les talents» des employés de la fonction publique. FRANCIS HALLER

«Il est temps de dépoussiérer le fonctionnement de l’administration cantonale», lance Alexandre de Senarclens, député PLR et candidat au Conseil d’Etat. Joignant l’action à la parole, il a déposé, fin janvier, une motion intitulée: «Rénovons l’administration». Dans son viseur, la mobilité interne du personnel et le rôle des ressources humaines dont le modèle actuel s’essouffle. «L’Etat n’exploite de loin pas son potentiel en matière de mobilité interne. Le système est trop verrouillé, obsolète. L’absence de flexibilité et de réelles perspectives d’évolution au sein de l’administration démotive et inquiète le personnel soumis, comme d’autres métiers, à de véritables bouleversements techniques et technologiques. Il faut introduire une plus grande souplesse dans la gestion des carrières, faciliter les passages entre départements», plaide-t-il. Avant de poursuivre: «Pour une administration qui emploie près de 16’000 collaborateurs pour le petit Etat et environ 27’000 pour le grand Etat, la flexibilité est un enjeu crucial.»

Gagnant, gagnant

Une ligne que résume son collègue Cyril Aellen, co-signataire de la motion. «Il s’agit de placer les bonnes personnes aux bons endroits», appuie-t-il. Même soutien de la part de Jacques Folly, président des cadres de l’administration. «Je souscris parfaitement à l’idée d’aider la fonction publique à ouvrir l’horizon professionnel de ses employés. Nous avons toujours défendu une gestion des ressources humaines plus flexible, transversale et complémentaire», explique le haut fonctionnaire. Qui poursuit: «Tout cela est positif. Mais il y a encore du travail à faire. Au-delà des déclarations, j’aimerais que les projets se concrétisent de manière pragmatique.»

Concrètement justement, la motion qui se veut davantage un texte de principe propose de commencer les réformes par le petit Etat. «Le recrutement interne permettra de mieux planifier les ressources et de travailler sur la durée», souligne Alexandre de Senarclens. Pour le député, tout mettre à plat présente un autre grand avantage. «En donnant l’opportunité à l’employé d’évoluer tout en répondant à ses aspirations personnelles, on favorise sa motivation et son implication, reprend-il. Valoriser les talents permet par ailleurs d’améliorer la santé et le bien-être au travail et de rendre le fonctionnement de l’Etat plus efficient. Tout le monde en sort gagnant.»

Prioritaire?

Reste encore à capter l’attention de la classe politique, du ministre des Finances, Serge dal Busco, et des syndicats (lire encadré) en pleine période électorale. Pas franchement prioritaire. Premiers éléments de réponse attendus dans les prochaines semaines.

Etat et syndicats: deux visions différentes pour uen même réforme

«Cette motion rejoint, dans une large mesure, les objectifs que nous nous sommes fixés dans notre programme de législature», explique Serge Dal Busco, conseiller d’Etat en charge du Département des Finances. «Diverses mesures ont déjà été prises pour améliorer la mobilité des collaborateurs. Nous avons aussi mené des actions concrètes pour réduire la bureaucratie, diminuer le nombre de directives, alléger les contrôles. Nous avons accru l’efficacité et l’efficience et développé les relations de confiance en misant sur le sens des responsabilités. Je tiens absolument à ce que ce travail de fond soit poursuivi», préconise le grand argentier.

Une volonté de réforme accueillie avec nuance par les syndicats. «La mobilité au sein des effectifs de l’Etat est souhaitée et souhaitable, reconnaît Marc Simeth, président du Cartel intersyndical de la fonction publique. A condition que les décisions soient prises d’un commun accord et que les acquis et les droits de l’employé soient préservés, voire améliorés, précise-t-il aussitôt. Le problème, c’est qu’avec le projet de modification de la grille salariale de l’Etat, «Score», il n’y aura plus aucun contrôle démocratique du Grand Conseil sur les salaires des fonctionnaires. Or, pour favoriser la mobilité interne, il faut une grille salariale transparente, équitable et universelle. Sans cela, toute proposition de flexibilité pourra être accueillie avec réserve voire être refusée.»