Aux Puces, la reprise est timide

Avec le contexte sanitaire et le manque de clients, certains marchands se demandent si c’est encore rentable de tenir un stand sur la plaine de Plainpalais.

  • Depuis le mercredi 13 mai, les brocanteurs ont pu réinvestir la plaine de Plainpalais.

    Depuis le mercredi 13 mai, les brocanteurs ont pu réinvestir la plaine de Plainpalais. STÉPHANE CHOLLET

«Je n’y vais plus… Ça ne vaut plus la peine», grogne Philippe Baeschlin derrière son masque. Agé de 67 ans, le brocanteur a beau compter et recompter sa recette du jour, cela ne pèse pas lourd. «115 francs pour un samedi, c’est maigre. Et j’ai fait 125 francs mercredi.» Un bénéfice vite grignoté par le coût du trajet jusqu’à Plainpalais et par le gel hydroalcoolique que chacun des 340 marchands doit mettre à disposition des clients. «Entre les frais du véhicule professionnel, l’achat de la marchandise, la taxe de tourisme et l’autorisation de commerce à régler, etc. Il faudrait au minimum 150 francs, détaille le sexagénaire. Comme me disait un collègue, là, ça paye le café et c’est tout!»

Depuis le mercredi 13 mai, les brocanteurs ont pu réinvestir la Plaine mais la reprise est timide. «La première semaine, j’ai regardé ce que cela donnait grâce à la webcam du GHI qui filme la Plaine. C’était désert!» François Rosset, président de l’Association professionnelle des brocanteurs genevois (APBG), tempère: «Ce n’est pas comme avant, mais ça ne tourne pas si mal.» Surtout compte tenu du contexte sanitaire. «Certains clients ont des craintes», confirme-t-il. Selon lui les gens qui ont été au chômage partiel ont réduit leurs achats au minimum vital.

Gratuit pour le reste de l’année

A noter que les aides ont également concerné certains brocanteurs. «Pour ceux qui, comme moi, déclarent les revenus des marchés, cela a permis de payer les factures ou le local de dépôt, précise François Rosset. Mais, ceux qui touchent l’AVS et font de la brocante pour arrondir les fins de mois n’ont rien touché. Il est clair qu’eux se retrouvent dans une situation précaire.»

De plus, le respect des normes fédérales a un coût. En sus de la distance de deux mètres entre le vendeur et son client, le marchand doit fournir du gel. «Moi, je mets des gants et un masque, indique Philippe Baeschlin. Et, je nettoie tout après le passage d’un client: les livres, les caisses... Mais tout le monde ne le fait pas.»

Le président de l’APBG explique: «Normalement, Berne impose de désinfecter tout objet touché. Lors des discussions avec la Ville de Genève, on a proposé que le client soit obligé de se désinfecter les mains avant de toucher un objet. Sinon, ce n’était pas possible...» Contactée, la Ville précise qu’il est du ressort des marchands de faire respecter les mesures sanitaires et que six points d’eau avec du savon sont à disposition du public. De son côté, François Rosset tente de nouer un partenariat avec une entreprise pour obtenir des flacons de gel gratuits. Enfin, avec les deux autres présidents d’associations concernées par les marchés, Patricia Richard et Willy Cretegny, ils ont adressé une demande à la Ville de Genève pour obtenir la gratuité des emplacements toute l’année. Pour le moment, seul un trimestre (avril, mai, juin) a été offert. «Les terrasses, elles, sont gratuites jusqu’à fin 2020, souligne François Rosset. Ce doit être la même chose pour nous, question d’équité!» La Ville précise que ce point est à l’étude.