Bisbille autour des cachets

FETE DE LA MUSIQUE • Les musiciens habitués de la manifestation genevoise se plaignent des honoraires élevés accordés au chanteur romand préféré des adolescentes.

  • Les jeunes filles en extase devant Bastian Baker n'ont pas atténué la colère des autres artistes de la Fête de la musique.

«C'est totalement injuste qu'il soit payé plus que nous!», s'énerve le leader d'un groupe habitué des spectacles de la Fête de la musique qui souhaite rester anonyme. Il se tient juste devant la scène du Chat Noir, le soir du 22 juin. A deux pas, une foule d'adolescentes acclame son idole, le chanteur Bastian Baker. «Il a été payé 100 fois plus que les autres musiciens, grogne l'artiste. Pourquoi introduire des cachets commerciaux dans un événement populaire?», interroge-t-il. Une incompréhension partagée par nombre d'autres musiciens intégrés à la manifestation de trois jours.

Cachet commercial

En tout, le chanteur romand aurait touché environ 10'000 francs pour sa prestation, selon diverses sources proches de l'organisation. Un chiffre que Sébastien Vuignier, agent de Bastian Baker, ne dément pas: «Le montant du cachet est confidentiel, s'excuse-t-il. Mais je peux vous garantir qu'il était plus bas que ce que nous aurions pu avoir si nous avions fait notre propre concert à Genève.»Elle n'en demeure pas moins une somme considérable comparée aux 100 francs accordés aux autres artistes solo. «Les cachets commerciaux devraient rester une exception, reconnaît Sami Kanaan, magistrat en charge de la culture à la Ville. C'est la philosophie première de l'événement.» Des déclarations confirmées par Roland Le Blévennec, directeur du Chat Noir et programmateur de Bastian Baker, le soir du 22 juin: «Il est vrai que cette programmation a potentiellement ouvert une porte, concède-t-il. Même si on en est encore loin, il ne faut pas que la Fête de la musique devienne un festival comme les autres!» Avant de préciser «qu'une tête d'affiche ne serait jamais venue pour un petit cachet.»

La Loterie s'offre Baker pour son anniversaire

SZ • Les chevilles ouvrières de l'événement, quant à elles, nuancent les critiques: «Cette année, nous nous trouvions dans un cadre exceptionnel, insiste Laurent Marty, coordinateur de l'événement à la Ville. La Loterie romande nous a accordé des subventions supplémentaires pour fêter les 75 ans de la société de jeu. C'est elle qui a tenu à faire venir un grand nom.» Une information confirmée par Danielle Perrette, porte-parole de la Loterie: «Nous tenions à nous associer à un événement populaire pour offrir un spectacle gratuit aux genevois, comme nous l'avons d'ailleurs fait dans toutes les grandes villes de Suisse romande, assure-t-elle. Le show était un succès et nous ne souhaitons pas entrer dans la polémique.»