Ça suffit! On joue avec les nerfs et la vie des habitants

  • STÉPHANE CHOLLET

L’amnésie circonstancielle doit être un effet secondaire du SARS-CoV-2. Souvenez-vous début novembre: Genève prenait, avant tout le monde, des mesures fortes pour endiguer une seconde vague dévastatrice, avec un résultat qui maintient notre canton, jusqu’à ce jour, en dessous de la moyenne nationale du nombre de contaminations. Pourtant, alors que nous demandions à la Confédération de soutenir les pans de notre économie qui étaient touchés par cet effort, Monsieur Ueli Maurer, chargé des Finances, nous riait au visage, en nous invitant à régler nous-mêmes nos problèmes, fort d’avoir alors à ses côtés une majorité de cantons qui considéraient encore que le problème était bien loin de chez eux.

Début décembre pourtant, les cantons alémaniques, épargnés de la première vague suite aux mesures nationales prises après que la Suisse romande ait été durement touchée, sonnaient l’alerte. Désormais, le problème devenait national et il fallait intervenir rapidement. Enfin!

Pourtant, gérant la crise de notre pays comme une épicerie, le Conseil fédéral ne fait que réagir mollement aux cris de douleur de secteurs économiques exsangues, qui commencent à licencier en masse. Aucune anticipation. Aucun plan de relance. On augmente les soutiens, mais à charge des cantons. Et comment s’assurer que les entreprises soutenues donneront ensuite la priorité à nos chômeurs? Pendant ce temps, la Banque nationale (BNS) et les assureurs espèrent qu’on les oublie. Combien de commerçants ont essuyé un refus abusif de leur assurance perte de gain? Personne ne sait, ou ne veut savoir.

En 2008, il a fallu vingt-quatre heures pour que la BNS mette 54 milliards de dollars sur la table pour éviter le crash de l’UBS. Il s’agit aujourd’hui aussi et davantage de l’avenir de notre économie. Maintenant ça suffit! Cela fait des mois que l’on joue avec les nerfs et la vie de nos habitants. C’est notre fédéralisme et notre cohésion nationale qui sont en jeu. Ce que l’on ne met pas aujourd’hui nous le payerons plus lourdement demain, avec la casse sociale qui en découlera.