Escalade: des écoliers à Champel privés de marmite

  • Les enfants aiment l’Escalade pour la marmite en chocolat.

    Les enfants aiment l’Escalade pour la marmite en chocolat. WIKIMÉDIA

«L’école n’est plus en mesure de récolter de l’argent pour les marmites en chocolat. De ce fait, nous devons abandonner cette tradition.» Voilà ce qu’ont découvert avec stupéfaction les parents de l’école de Peschier, à Champel, dans un courrier daté du 21 novembre. Depuis, Juan*, un quadragénaire père de deux enfants, ne décolère pas: «La marmite en chocolat, c’est ce qu’il y a de plus cool. C’est pour ça que les enfants aiment l’Escalade, pas pour la soupe!» Et d’ajouter: «En tant qu’enfant d’immigrés, cette marmite, c’est un bon souvenir, un des rares moments où je me sentais Genevois, où je ressentais cette cohésion surtout dans une ville aussi cosmopolite.»

Signée par l’équipe enseignante, la lettre aux parents fournit les détails de l’organisation de la Fête de l’Escalade, jeudi 12 décembre. En haut de la page, trône fièrement une marmite. Identique à celle que les écoliers ont l’habitude de briser et de déguster tous les ans… Sauf cette année donc.

«Inégalités entre les écoles»

En cause: un arrêt du Tribunal fédéral du 7 décembre 2017 qui limite drastiquement la participation financière des parents, au nom de la gratuité de l’école publique. L’une des conséquences possibles, comme le relevait la Tribune de Genève du 14 novembre, était justement l’impossibilité de demander aux familles de participer à l’achat de la marmite en chocolat.

Interrogé par le quotidien, Pierre-Antoine Preti, porte-parole du Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP), se voulait rassurant: «Il n’est pas question de supprimer la tradition de la marmite. Si cela s’avère nécessaire, des ressources sont disponibles dans chaque établissement pour partager ce moment avec les élèves.»

Renseignements pris, des parents de Peschier, dont Juan, ont proposé d’acheter eux-mêmes la précieuse marmite. C’est non, répond l’enseignant. «Au motif que cela créerait des inégalités entre les classes. Mais, là, il y a une inégalité entre les écoles du canton», rétorque Juan, soulignant qu’à Chêne-Bourg, la Mairie offre les marmites à ses écoles. «On comprend bien que la Ville de Genève ne puisse pas payer une marmite à 800 francs pour chaque établissement, poursuit-il agacé. Mais, on parle d’un coût de deux francs par élève. Alors qu’on nous laisse payer la marmite de nos enfants! De bleu!» MP

* Nom connu de la rédaction