Et si on se passait des égouts?

RÉCUPÉRATION • Une coopérative de la Servette a imaginé une ingénieuse méthode d’épuration des eaux usées. Celles-ci sont traitées sur place et récupérées pour les toilettes et l’arrosage. Bonus: on produit du compost.

  • Les eaux des toilettes sont traitées sous la terrasse en bois du jardin de l’immeuble Soubeyran, sans odeurs particulières. ATBA

    Les eaux des toilettes sont traitées sous la terrasse en bois du jardin de l’immeuble Soubeyran, sans odeurs particulières. ATBA

L’immeuble Soubeyran, ce sont deux coopératives, de la paille et des... vers de terre. L’une des particularités innovantes de cet édifice, situé dans le quartier de la Servette, réside dans la méthode d’épuration des eaux usées. Et plus particulièrement celles des toilettes. En effet, après de multiples rencontres enrichissantes, notamment avec un biologiste brillant, la coopérative a mis en œuvre un système permettant de traiter sur place l’ensemble des eaux usées de l’immeuble, tout en produisant du compost et en réutilisant l’eau épurée pour les chasses d’eau et l’arrosage. De cette manière, l’immeuble n’a pas besoin d’utiliser les égouts de la Ville de Genève.

La technique utilisée, celle du lombricompostage, consiste à utiliser des lombrics pour dégrader les matières organiques. Ces vers de terre que l’on trouve habituellement dans le fumier de cheval digèrent naturellement les matières fécales et le papier toilette. Au final, tout est transformé en terre et l’eau propre peut être récupérée. Si cette technique est généralement utilisée avec des toilettes sèches, les concepteurs de l’immeuble genevois ont réussi à l’utiliser avec des toilettes classiques. Les habitants tirent la chasse et l’eau sale est amenée directement à l’étape du lombricompostage, sous la terrasse en bois du jardin (photo). Le tout sans odeurs particulières.

Chasse au gaspillage

Chaque Genevois tire une chasse d’eau environ quatre fois par jour, déclenchant ainsi l’envoi de neuf litres d’eau potable dans le réseau d’assainissement, soit 36 litres par jour, 13’140 par année, donc un peu plus de 13 m3. Pour une famille de quatre personnes, plus de 50 m3. Des quantités importantes qui nécessitent des infrastructures gigantesques qui sont aujourd’hui de plus en plus remises en question.

Aussi, les toilettes sèches écologiques ont bien évolué dans le temps. De cabanes malodorantes elles sont devenues confortables et faciles d’utilisation. Côté fonctionnement, on distingue deux principes différents. Concernant les toilettes à litière «biomaîtrisée», il s’agit d’ajouter des copeaux de bois ou de la paille sur les déjections après chaque utilisation. Ce mélange est ensuite déplacé dans un bac extérieur étanche pour être composté. Pour les toilettes à séparation, le principe est de séparer les urines et les excréments afin de les traiter de manière indépendante. Ainsi, les urines peuvent être utilisées comme «engrais» pour des cultures et les excréments sont déshydratés ou vermicompostés.

Durant l’été, huit idées durables et genevoises tirées de l’émission «Aujourd’hui», diffusée sur RTS Un le samedi à 13h20, sont détaillées dans GHI par l’animateur TV Jonas Schneiter.