Face à face: «Conducteurs pris en otages, ce n’est pas acceptable»

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Alors que le monde du travail, éprouvé par deux mois de semi-confinement, reprenait enfin ses activités, il a été entravé par des restrictions de circulation disproportionnées qui tiennent du pur mépris. La Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) est acquise à la mobilité douce, mais la création de véritables autoroutes à vélo sur les quais, sans concertation des milieux économiques, marque une sérieuse entorse à la paix des transports. Certes, la crise sanitaire induit une nouvelle normalité et justifie des décisions dictées par l’urgence. Certes, le principe de précaution limite une trop forte fréquentation des transports en commun. Toutefois, paralyser ainsi le U lacustre, seul axe reliant les deux rives du Léman de l’entonnoir genevois, constitue une aberration, et érige à nouveau les automobilistes en parents pauvres de la mobilité. Plutôt que la proportionnalité, l’Etat a privilégié la facilité; un badigeonnage à la hussarde qui péjore sérieusement la fluidité du trafic et freine la reprise économique. Cela est d’autant moins acceptable que l’on encourage les employés – parfois sans choix de mode de transport – à regagner leurs postes de travail. Notre canton n’a pas à subir ce «hold-up» alors qu’il est confronté à l’une des pires crises de son histoire.

«Je ne veux pas d’une guerre des transports!»

La réponse de Serge Dal Busco, conseiller d’Etat chargé du Département des infrastructures

Les nouveaux aménagements provisoires pour la mobilité douce ne sont pas achevés que, déjà, les commentaires fusent, souvent agressifs. Mais si nous les réalisons, ce n’est pas pour faire plaisir aux uns ou pour irriter les autres. C’est simplement dans l’intérêt général. 
Nous sommes encore, faut-il le rappeler, en situation d’urgence liée à l’épidémie du coronavirus. Les transports publics seront pour un temps sous-occupés, en raison des mesures de distanciation. Par conséquent, des dizaines de milliers d’usagers qui doivent reprendre le travail sont incités à reprendre leur voiture. Si tel est le cas, notre canton se trouvera totalement engorgé, c’est une évidence.
Je répète que les aménagements provisoires, réalisés avec la Ville de Genève, peuvent être adaptés au fur et à mesure. J’appelle les Genevoises et les Genevois à garder la tête froide. On ne peut pas juger d’aménagements nouveaux tant qu’ils ne sont pas achevés. Il faut aussi que chacun réfléchisse à la manière la plus rationnelle et responsable de se déplacer. Nous devons gérer au mieux la reprise des activités dans un contexte de menace épidémique toujours bien présente. 
Ce n’est vraiment pas le moment de nous laisser entraîner dans une guerre des transports dévastatrice!