Fronde des chauffeurs de taxi

SAGA • Depuis l’interdiction d’utiliser les voies de bus à vide, les taxis perdent trop de temps dans les bouchons. Un manque à gagner examiné par le Tribunal fédéral.

  • Sans client, les taxis n’ont plus le droit d’emprunter les voies de bus. DR

    Sans client, les taxis n’ont plus le droit d’emprunter les voies de bus. DR

A Genève, la saga des taxis prend une nouvelle tournure depuis l’introduction le 1er juillet dernier de la nouvelle loi. L’ensemble des chauffeurs de taxis officiels genevois, déjà fâchés contre l’ubérisation du secteur, dénoncent aujourd’hui au Tribunal fédéral (TF) une réglementation trop sévère qui les pénalise. Selon Mohammed Gharbi, porte-parole du Collectif des taxis genevois (CTG), l’interdiction d’utiliser les voies de bus à vide mais aussi l’obligation de payer une taxe aéroportuaire de 1,50 franc à chaque passage à Cointrin est une catastrophe économique pour la profession (lire ci-dessous).

«Depuis que les taxis n’ont plus le droit d’utiliser les voies de bus sans client nous perdons, au bas mot, trois heures de boulot par jour! dénonce en substance le représentant des indépendants. Nous perdons trop de clients!» Et d’affiner: «A chaque déplacement, notamment à l’aéroport ou à Palexpo, avec cette nouvelle mesure, si nous circulons à vide, nous sommes coincés une bonne vingtaine de minutes dans la circulation, entre les bouchons, et à jongler avec les détours. Et pendant ce temps, d’autres clients, qui ont commandé un taxi, râlent parce qu’ils attendent trop longtemps!»

Les indépendants dénoncent aussi une inégalité de traitement face aux ayants droit à emprunter les voies de bus: «Nous payons une taxe annuelle de 1400 francs pour l’utilisation du domaine public. Alors pourquoi les taxis ne peuvent-ils emprunter les voies de bus qu’une fois sur deux!»

Face à ces accusations, Caroline Widmer, secrétaire générale adjointe chargée de communication au Département de la sécurité et de l’économie (DSE), rétorque que «la taxe annuelle de 1400 francs imposée aux taxis concerne également l’utilisation de leurs stations sur la voie publique, mais aussi les accès privilégiés, comme la gare ou l’aéroport».

Voies de bus saturées

Quant à l’interdiction d’utiliser les voies de bus à vide, le député vert Mathias Buschbeck, auteur de l’amendement à l’origine de cette nouvelle mesure, en détaille les raisons: «Nous craignions que les voies de bus déjà empruntées par les motos, les secours et les transports handicapés soient saturées, ce qui aurait impliqué une diminution de la vitesse commerciale des TPG, mais aussi des attentes de clients de taxis.» Des explications qui ne vont cependant pas calmer la fronde des taxis. Les indépendants attendent en effet de pied ferme que les juges de Mon Repos, examinent les conséquences de la nouvelle loi.