Garages clandestins sur la route de Suisse

CANTON • Des communes de la rive droite réagissent face à des vendeurs de voitures qui squattent le domaine public.

  • Une des voitures d'occasion mise en vente sur la route de Suisse.

    Une des voitures d'occasion mise en vente sur la route de Suisse.

La route de Suisse est devenue, pour des particuliers, un garage à ciel ouvert. Depuis plusieurs mois, des véhicules d'occasion sont directement mis en vente et proposés aux pendulaires – nombreux – sur cet axe unique reliant le pays de Vaud et la France à Genève. Un exemple? A la sortie de Bellevue, une remorque vaudoise présente, à intervalles réguliers, une voiture à acheter. Le chaland a le choix entre une Peugeot break bleue, une Peugeot 306 grise, une camionnette Citroën blanche et ainsi de suite. Tout y est: nombre de kilomètres, année et coordonnées téléphoniques. Le petit malin installe ses autos sur des places de stationnement illimité.

Autorités permissives

Est-ce permis? Personne ne répond clairement à la question. Pas de problème pour le DIME (Département de l'intérieur, de la mobilité et de l'environnement: «Du point de vue de la loi, ce sont des places de stationnement illimité, explique Thierry Messager, directeur à la Direction régionale Lac-Rhône. Nous n'avons pas de jugement de valeur quant à cette situation.» Bon. Et du côté du Service du commerce? L'usage accru du domaine public nécessite une autorisation délivrée par les communes.» En dehors de cette autorisation, il n'existe pas de législation s'appliquant aux activités commerciales déployées spécifiquement sur le domaine public.»

Communes actives

Ces cas de véhicules en vente touchent aussi des voitures «tampons». Et à Bellevue, elles sont prises au sérieux: «Nous venons d'engager des contrôleurs municipaux, affiliés au Grand-Saconnex, qui appliquent le règlement d'exécution de la loi d'application de la législation fédérale sur la circulation routière (RaLCR, H 1 05.01) gérant le parcage des caravanes, véhicules de camping et remorques sur les places de parc et voies publiques, explique Daniele Todeschini, directeur du service technique de la commune. Le stationnement n'est autorisé que pour 24 heures.» Oui, mais qu'en est-il de la vente de voitures d'occasion? «Eh bien, nous n'en aurons bientôt plus, puisque nous allons changer le stationnement par une zone bleue, du chemin de la Printanière jusqu'à Gitana», ajoute-t-il. Bonne parade mais qui pousserait le problème plus loin: sur Genthod par exemple. Niet! «Genthod a fait une demande officielle pour s'associer, comme 13 communes dont Bellevue, au RaLCR, répond Michel Bussard, îlotier au poste de police de Versoix. Enfin des contrôleurs sont engagés pour patrouiller.» Oust les véhicules «tampons» ou à vendre!

Une concurrence pour les garagistes?

SJ • Ce garage à ciel ouvert pose-t-il des problèmes aux garagistes officiels? Benoît Wyder, secrétaire patronal de l'Union professionnelle suisse de l'automobile (UPSA), section Genève, reconnaît une certaine croissance liée à ce type de démarches, et pas seulement à Genève: «Pour l'heure, ce phénomène ne peut être considéré comme une réelle concurrence pour les professionnels de la branche, mais cela étonne quelque peu. En effet, une transaction conclue de la sorte par un particulier ne lui offre aucune garantie quant à l'état du véhicule. De plus, il existe d'autres moyens pour mettre en vente sa voiture comme, par exemple, publier une annonce sur l'un des nombreux sites internet, souvent gratuits, ou encore par le biais d'un journal proposant ce service. Il existe un vrai risque pour le consommateur. Et de conclure: «Une voiture d'occasion proposée ainsi n'offre aucune garantie et ce, sur de nombreux points (état général, conformité technique, provenance.). Aux consommateurs d'être vigilants!»