«Genève Aéroport entend les souffrances des riverains»

La votation cantonale du 24 novembre déterminera le futur de Genève Aéroport. Interview de son directeur, André Schneider.

  • Genève Aéroport génère 33’600 emplois et une plus-value économique de plus de 4 milliards de francs pour la région. DR

  • Genève Aéroport génère 33’600 emplois et une plus-value économique

    Le directeur André Schneider. DR

Le 24 novembre, les Genevois devront choisir entre l’initiative «Pour un pilotage démocratique de l’aéroport» et un contre-projet accepté par la majorité de droite du Grand Conseil. Son directeur, André Schneider, souligne les efforts entrepris par Genève Aéroport pour diminuer les nuisances pour les riverains. Interview.

GHI: André Schneider, le 24 novembre prochain, les Genevois se prononceront sur l’avenir de l’aéroport de Genève, êtes-vous inquiet?
André Schneider: Disons que nous sommes en train d’analyser comment le résultat de la votation changerait le cadre dans lequel nous devrons gérer l’aéroport.

– Concrètement?
– Faudrait-il par exemple à l’avenir que l’aéroport réponde à d’autres organes et si oui quel impact cela aurait-il? Genève Aéroport s’est engagé au niveau cantonal et fédéral à réduire le bruit auquel les riverains sont exposés et baisser les décollages après 22h. Si l’initiative (IN 163) était acceptée, nous espérons pouvoir maintenir ces engagements et les réalisations prévues.

– Les récentes affaires, dont le licenciement cet été du chef de la sûreté et de son adjoint, ne risquent-elles pas de peser dans la balance?
– Naturellement, la découverte de ces agissements nous a affectés. Réaliser que des collaborateurs ont œuvré contre les intérêts de Genève Aéroport a été difficile. Mais le Conseil d’administration et la direction ont apporté des solutions très rapidement. Nous nous sommes séparés des personnes concernées, avons renforcé les contrôles internes et continuons à former les collaborateurs sur tous les aspects liés aux marchés publics, notamment. Aujourd’hui, l’entreprise fonctionne de manière très efficace au quotidien.

– Selon le Plan sectoriel d’infrastructure aéronautique (PSIA), à l’horizon 2030, il pourrait y avoir jusqu’à 25 millions de passagers par année à Genève Aéroport soit un vol toutes les quatre-vingt-sept secondes. N’est-ce pas démesuré?
– Ces chiffres ne sont que des prévisions calculées par un bureau externe, et nullement nos objectifs. Pour preuve, nous connaissons un ralentissement de l’évolution des passagers depuis deux ans. La croissance annuelle de leur nombre était proche de 4 à 5% jusqu’en 2017. Elle est tombée à 1,9% en 2018 et sera entre 1 à 1,5% en 2019. De plus, et c’est important, le nombre de décollages et atterrissages d’avions, source du bruit, est en baisse (-1,9% en 2018 et autour de -0,5% pour 2019). Parce que les avions sont plus grands pour certaines destinations et mieux remplis.

– Les questions environnementales sont au cœur des débats actuels, que faites-vous en faveur de l’environnement?
– Genève Aéroport est déjà neutre en émissions CO2 pour ses infrastructures, en utilisant des certificats de compensation pour ses propres émissions (équivalant aux dépenses énergétiques de 881 Genevois). Et nous avons signé un engagement visant à l’être sans achats de certificats au plus tard en 2050. Genève Aéroport va remplacer tout son chauffage et son refroidissement par des pompes à chaleur et l’eau du lac, dans le cadre du projet GeniLac, ce qui permettra d’utiliser 100% d’énergie renouvelable pour tous les bâtiments en 2025. Nous sommes également en train de développer, et ceci en partenariat avec les Services industriels de Genève (SIG), 75’000 m2 de panneaux photovoltaïques.

– Et côté taxes?
– Genève Aéroport a introduit une taxe d’atterrissage qui favorise fortement les avions moins bruyants et va introduire l’année prochaine des incitations financières pour encourager l’arrivée d’avions de dernière génération qui émettent moins de CO2 et font nettement moins de bruit.

Un développement qui divise

L’initiative «Pour un pilotage démocratique de l’aéroport de Genève» est sans aucun doute la votation phare du 24 novembre prochain. Les initiants dénoncent les nuisances sonores, spécialement entre 22 heures et minuit, et la pollution atmosphérique engendrées par les avions. Ils exigent une prise en main de l’aéroport par les autorités politiques et une meilleure concertation avec la population autour du développement de l’activité sur le tarmac genevois. Le Conseil d’Etat et le Grand Conseil genevois recommandent, quant à eux, de rejeter l’initiative et soutiennent le contre-projet. Ce dernier, accepté en février dernier par le Grand Conseil, vise le statu quo.