Genève est le premier canton à ficher ses vélos

LUTTE CONTRE LES VOLS • Le chef de la Sécurité Pierre Maudet vient de signer une convention avec l'association Ecocycle. Révolution.

  • Aldo Felice, patron d'Ecocycle, vient de signer une convention avec la police genevoise pour tracer les vélos volés.

    Aldo Felice, patron d'Ecocycle, vient de signer une convention avec la police genevoise pour tracer les vélos volés.

Genève est le premier canton à détenir un fichier permettant de tracer les propriétaires de vélos. Pierre Maudet, conseiller d'Etat en charge de la Sécurité, a en effet signé, en début d'année, une convention avec Ecocycle, une association genevoise spécialisée dans le gravage (GHI 10.5.2012). But de la manœuvre: ficher tous les vélos.

Recrudescence des vols

«Lorsque je dirigeais la Sécurité à l'Exécutif de la Ville de Genève, je souhaitais, avec mon collègue Rémy Pagani, développer un système pour cadenasser les vélos, rappelle Pierre Maudet. Les vols ayant grimpé de manière vertigineuse, avec près de 8 par jour en 2011, il devenait urgent que la police puisse avoir accès à un fichier cantonal officiel.» Le magistrat ajoute aujourd'hui que la création d'un tel fichier est devenue encore plus importante depuis l'abolition de la vignette, en juin 2012.

Expérience pilote

La convention signée courant janvier entre le Département de la Sécurité et Ecocycle est une expérience pilote de deux ans. «Notre système de marquage consiste à graver le cadre du vélo avec un numéro, détaille Aldo de Felice, patron d'Ecocycle. Le chiffre est ensuite enregistré dans une base de données avec l'identité du propriétaire, gardée secrète.» Et Pierre Maudet de renchérir: «Nous avons octroyé une subvention de 20'000 francs à cette association pour couvrir les frais de gravage.» Dans la foulée, le magistrat rappelle que certains deux-roues volés font souvent l'objet de recel. «La plupart des vélos qui disparaissent se retrouvent dans des magasins de seconde main. Il était anormal et absurde qu'un propriétaire découvrant son vélo dans ces boutiques ne puisse pas prouver que l'objet lui appartenait.»

Testé et approuvé

Approchée par Ecocycle, la police a testé et approuvé l'an dernier ce système d'identification inédit. «Avoir accès à un tel listing est surtout dissuasif et préventif», rappelait Laurent Paoliello dans nos colonnes le printemps dernier, lorsqu'il était secrétaire général adjoint au Département de la Sécurité. Il précisait que le taux d'élucidation des vols de vélos en 2011 n'était que de 0,9%. Les raisons? La plupart des cyclistes ne connaissaient pas leur numéro de vignette ni même celui du cadre du vélo… Avec la banque de données, le problème est résolu.

Attention les vélos!

Enfin, rappelons que ce fichier des vélos était déjà à l'étude sous l'ère de la conseillère d'Etat libérale Micheline Spoerri, du socialiste Laurent Moutinot et de la libérale Isabel Rochat. La convention n'avait pas pu aboutir car elle faisait l'objet d'une étude de faisabilité juridique pour la protection des données (lire ci-dessous). «Chaque détenteur de vélo n'est pas obligé de faire graver son vélo, conclut Pierre Maudet. Mais avec un peu de bons sens, il a tout intérêt à le faire s'il veut protéger son bien! Donc je ne vois pas en quoi ce fichier violerait des données personnelles.»

Protection des données

ChZ • Une interpellation urgente de juin 2011, du député MCG Mauro Poggia, demandait au Parlement quelles mesures de marquage étaient mises en œuvre par le canton pour lutter contre l'augmentation impressionnante des vols de vélos. Le député préconisait que l'Etat ait son fichier central officiel permettant d'élucider les nombreux vols des deux-roues. A cette époque, Mark Muller, président du Conseil d'Etat avait répondu à cette interpellation par l'affirmative et rappelé que cela devenait même urgent: «L'Etat encourage l'utilisation de véhicules légers non-polluants, il était indéniable qu'il s'occupe aussi de la prévention contre les vols.» Et c'est ainsi que la police a pu tester l'an dernier le fichier de vélos d'Ecocycle.