«Genève ne soutient pas ses commerçants locaux!»

POLITIQUE • Une motion municipale dénonce les achats publics à l’étranger et réclame que l’Etat et la Ville de Genève favorisent davantage le commerce local. Les autorités répondent que les commerçants ne sont pas prétérités. Explications.

  • Julien Pellaton dans sa papeterie de Cornavin. FRANCIS HALLER

    Julien Pellaton dans sa papeterie de Cornavin. FRANCIS HALLER

«Genève ne soutient pas ses commerçants locaux! Il est inadmissible que les centrales d’achats de l’Etat et de la municipalité de la Ville de Genève se fournissent auprès des entreprises étrangères parce que leurs prix sont 40% moins chers qu’ici!» Julien Pellaton, patron de la papeterie de Cornavin, part en guerre contre l’accord intercantonal sur les marchés publics, qui ne favorise plus, depuis une dizaine d’années, les achats auprès des entreprises locales.

Rude concurrence

«Les critères de l’Etat sont les prix attractifs, poursuit le papetier. C’est impossible de s’aligner aux tarifs des entreprises étrangères. Comment voulez-vous que les commerces locaux s’en sortent! Ou alors, on met la clé sous le paillasson!» Il fait notamment allusion à la Centrale d’achat et d’impression de la Ville de Genève qui privilégie des achats publics à l’étranger. «Certaines société cassent les prix, notamment pour les crayons, papiers et autres fournitures destinées aux cours pédagogiques du Jardin botanique, mais aussi pour le matériel destiné aux écoles enfantines et primaires. Ce n’est pas normal que les mesures d’économie à la Ville ou à l’Etat se fassent à notre détriment! Pour sauver le commerce local, il faut que ça change, que nos autorités réagissent.»

L’appel du papetier de Cornavin a été entendu par Pascal Spühler, dirigeant du nouveau Parti populaire genevois (PPGE), siégeant en indépendant au Conseil municipal de la Ville. «J’ai déposé cette semaine une motion urgente en séance plénière pour sauver le commerce local qui fournit de moins en moins nos écoles, bibliothèques ou encore le Jardin botanique, annonce-t-il. C’est en effet le seul moyen pour tenter d’abroger l’accord intercantonal qui privilégie des achats à des entreprises qui n’ont pas forcément pignon sur rue à Genève. Si l’Etat avance qu’il peutfaire des économies en achetant moins cher, son devoir c’est aussi de soutenir le commerce local!»

"Le prix n'est pas le seul critère"

Valentina Wenger, collaboratrice personnelle de Sandrine Salerno en charge du Département municipal des finances et du logement (DFL), rappelle que la centrale municipale d’achats évalue les critères sur les plans environnemental, social et financier. «Malheureusement il est vrai, le critère prix est celui qui a le plus de poids selon l’accord intercantonal sur les marchés publics», reconnaît-elle. De son côté, Roland Godel, secrétaire général adjoint au Département des finances (DF), tient à souligner que les commerçants locaux ne sont en rien défavorisés: «Le prix n’est pas le seul critère. Ce qui compte avant tout, c’est le rapport qualité prix, tient-il à rappeler. Par ailleurs, n’importe quelle société du canton peut participer à un appel d’offres lors du renouvellement d’un marché. Pour les achats de fournitures des écoles enfantines et primaires, la centrale d’achats de l’Etat, au travers de l’Economat cantonal au Département de l’instruction publique (DIP), applique strictement les règles de passation des marchés publics qui exigent de respecter les principes de non-discrimination, d’égalité de traitement et de concurrence efficace. Dans ce cadre, les commerçants genevois peuvent présenter leurs candidatures.»