«GHI est un défi»

CHARLES-ANDRÉ AYMON • Être GHI, comme je le fus passionnément cinq ans durant, c’est d’abord être à l’écoute des Genevois, les regarder dans les yeux, se tenir au même niveau qu’eux, ni au-dessus, ni à côté. Puis écouter et transcrire.

  • Charles-André a été rédacteur en chef de février 2006 à juillet 2011. DR

    Charles-André a été rédacteur en chef de février 2006 à juillet 2011. DR

Des mots simples qui recouvrent des devoirs exigeants

Cinq ans durant, ce journal a donc tenté d’éviter l’écueil majeur des médias modernes: se poser en donneur de leçons alors que notre travail, au contraire, était d’en prendre.

Car la fatuité arrive rapidement à qui fréquente le pouvoir et la tentation est grande d’écrire à la foule depuis le piédestal du sachant. La composition sociologique actuelle de la profession ne fait rien pour arranger les choses. Issu de la classe moyenne, instruit et avide de respectabilité, le journaliste moderne applique volontiers sur la ville une grille de lecture étroite.

Il est tenté de partager tout naturellement la vision dominante de l’actualité, celle du pouvoir, celle de la majorité. Dans ces conditions, comment pourrait-il se faire le témoin de ce qui surgit, dérange, innove? Comment pourrait-il le remarquer, même? Et le retranscrire?

C’est avec ces réflexions en tête, et en luttant constamment contre cette pente naturelle des médias en ce début de XXIe siècle, que s’est construit le GHI moderne. C’est là toute la noblesse et tout le défi de ce journal. CAA