Graines pour oiseaux... et rats

INSOLITE • Place du Cirque, les rongeurs volent de la nourriture pour oiseaux sur de petits arbres. Entre mammifères, pigeons et corneilles, bonjour la saleté!

  • Des rats se régalent des graines pour oiseaux que d’autres congénères.

    Des rats se régalent des graines pour oiseaux que d’autres congénères.

Place du Cirque, en une belle fin d’après-midi du mois d’avril. Sur les bancs de bois entourant la fontaine de bronze et ses 32 jets d’eau, on se prélasse au soleil en consultant son smartphone, on donne du pain aux moineaux, pigeons et autres corneilles.

Problème: les oiseaux ne sont pas les seuls animaux à profiter du festin. Juste en face du Moulin rouge, sur un petit arbre aux fleurs roses, des rats réussissent à grimper sur les branches. Ils ont compris que dans les filets jaunes en plastique, il y a de la nourriture pour oiseaux! Les rongeurs se servent allègrement dans ce garde-manger à ciel ouvert. Et avec leurs dents acérées, ils parviennent à scier les filets qui tombent sur le sol. Bingo! Les graines sont à terre. Bon appétit bande de rats!

Luis, un habitant du quartier a filmé ce vol en bande insolite avec son portable: «Le jour, ils se cachent et sortent plutôt en fin de journée. Cela fait plusieurs semaines qu’ils sont là.» Un chauffeur de taxi, arrêté à la station de la place du Cirque, confirme qu’il croise les rongeurs chaque jour. «Il paraît qu’il y a des galeries sous la place, ils doivent vivre là en dessous», explique-t-il. De fait, aux abords des arbres, des trous se sont formés. «On dirait un fromage», sourit Christian, alerte quinquagénaire. Faut-il vraiment en rire ? Pas si sûr.

Interdiction de nourrir les animaux

«La place du Cirque est l’un de ces endroits où les gens viennent nourrir les oiseaux, constate Gottlieb Dandliker, inspecteur cantonal de la faune à l’Etat de Genève. Cela crée des concentrations, des nuisances.»

Y a-t-il trop de rats à Genève? En juillet dernier, le journal 20 minutes racontait l’histoire de cet immeuble aux Pâquis envahi par les rongeurs. En septembre 2018, c’est GHI qui dénonçait une cour infestée de rats à Plainpalais. Si certains sites internet donnent des chiffres de 1,75 rat par habitant, Gottlieb Dandliker ne s’aventure pas dans ce calcul. «Ce n’est pas un problème de nombre mais de respect de règles élémentaires. Dans une ville où les gens n’entretiennent pas de points de nourrissage, où les poubelles ne débordent pas, les rats restent dans les égouts.» Et de rappeler que, selon la loi sur la propreté, la salubrité et la sécurité publiques, il est interdit de donner de la nourriture aux animaux, quels qu’ils soient, sur la voie publique. «Ce qu’il faut c’est un peu

de civisme», conclut l’inspecteur cantonal de la faune. Et de se souvenir constamment de la morale de l’histoire. Tout rat vit aux dépens de celui qui le nourrit... Alors badauds, jurez que l’on ne vous y reprendra plus.