«Je ferai tout pour qu’il n’y ait aucun conflit d’intérêts»

Elu Vert à l’exécutif de la Ville de Genève, Alfonso Gomez habite un appartement de la Gérance immobilière municipale et est marié avec la cheffe du service culturel, Virginie Keller. Interrogé sur ces situations problématiques, le couple nous répond.

  • Alfonso Gomez: «Je demande qu’on ne me fasse pas de procès d’intention.» VERTS.CH

Le Vert Alfonso Gomez prendra la tête du Département des finances de la Ville de Genève dès le 1er juin. Avant cela, ce nouveau magistrat doit faire face à deux potentiels conflits d’intérêts. Interview.

GHI: Vous attaquez le 1er juin avec un département comprenant les finances, le logement, l’agenda 21 mais aussi le Service des espaces verts (SEVE), êtes-vous satisfait de cette répartition?
Alfonso Gomez:
Très heureux oui. Tout cela a été décidé en très bonne harmonie. La volonté des Verts, c’était de s’occuper de l’aménagement, afin d’agir sur le trafic et le climat. D’où l’agenda 21, le SEVE mais aussi la Gérance immobilière municipale. Cela me permettra de mener à bien la rénovation de l’ensemble du parc immobilier de la Ville.

– Et comme vous habitez un immeuble de la Gérance immobilière municipale (GIM), vous allez pouvoir rénover chez vous!
– Non, je ne vais pas faire rénover chez moi. Cela fait trente ans que ma famille habite dans cet immeuble, bien avant toute fonction élective de ma part. C’est un appartement en loyer libre, ce n’est pas un loyer subventionné. Et j’entends bien, dès mon entrée en fonction, garantir une complète transparence sur ce sujet. S’il y a par exemple une décision concernant l’immeuble où j’habite, je ne m’en occuperai pas. C’est le Conseil administratif qui définira les modalités. Je compte bien tout faire pour qu’il n’y ait aucun conflit d’intérêts.

– Vous serez tout de même le responsable de la GIM, cela ne vous gêne pas?
– La GIM gère plus de 5300 appartements. Le magistrat définit la politique du logement mais ne gère pas lui-même les appartements. Il va de soi que je garantirai la liberté de jugement à celles et ceux qui gèrent les dossiers. Enfin, je demande qu’on ne me fasse pas de procès d’intention et qu’on me juge sur mes actes.

– Ne serait-il pas plus simple de déménager?
– Comme l’ensemble de la population, les élus ont accès aux services publics et aux infrastructures municipales. Ce qu’ils ne doivent en aucun cas, c’est bénéficier d’avantages de par leur fonction. Ce n’est pas mon cas. Mais, un déménagement n’est pas complètement exclu.

– Autre conflit d’intérêts, le fait que votre épouse soit cheffe du service culturel, un poste clé de l’administration, tandis que vous êtes responsable des ressources humaines. Quid?
– Ma compagne Virginie Keller et moi avions cette question en tête depuis sept ans. Déjà en tant que conseiller municipal, je ne suis jamais allé en commission des finances quand on traitait d’un sujet en lien avec son département.

– Oui, mais là, le problème prend une autre ampleur?
– Nous avons évidemment parlé ensemble de ce point avant ma candidature. En tant que magistrat à la tête des RH, je ne serai pas amené à gérer les cas de figure individuels. Cela dit, si une décision doit être prise, il s’agira de celle de mon épouse. Je n’ai pas à me prononcer à sa place.

Virginie Keller: «Je vais quitter mon poste»

Virginie Keller, cheffe du service culturel de la Ville de Genève, dévoile sa décision.

GHI: Votre mari devient conseiller administratif. Quelle incidence pour vous? 
Virginie Keller:
 Je vais quitter mon poste de cheffe du service culturel. Il n’y a pas d’incompatibilité légale. De ce point de vue, la décision relève de notre choix de couple. A mes yeux, il a toujours été clair que si mon conjoint accédait à ce magnifique poste, je ne pourrais pas continuer comme cheffe de service.

– Comment vous sentez-vous vis-à-vis de ce choix? 
– 
Deux émotions se mélangent. Le fait que cette décision soit assumée depuis le départ m’a permis de m’y préparer. Je n’ai pas de regret. Se mêlent l’émotion de quitter ce service, mes collègues hyper engagés mais aussi la fierté du travail accompli.

– Vous sacrifiez votre carrière au profit de celle de votre mari… 
– Je n’ai pas du tout ce sentiment. C’est même au contraire un acte assez féministe finalement. En restant en Ville de Genève, j’aurais été l’épouse du magistrat. Et ce, même si j’ai fait mes preuves durant quinze ans dans ce service, dont dix à sa tête. En démissionnant et en me lançant dans de nouvelles aventures, je poursuis ma vie de femme libre.