La maison du Rond-point sera sauvegardée

PATRIMOINE • C’est un lieu rempli d’histoire. La pittoresque maisonnette de Plainpalais ne sera pas surélevée. Pour la plus grande joie des habitants.

  • La petite maison du Rond-Point qui contraste avec le paysage. DR

    La petite maison du Rond-Point qui contraste avec le paysage. DR

La maisonnette du Rond-Point ne sera finalement pas surélevée. Juste rénovée. Pour la plus grande joie des habitants qui craignaient de voir ce lieu de mémoire disparaître. Cette petite bâtisse de deux niveaux avait été construite en 1853, un an avant la démolition des fortifications. A l’époque, il n’y avait rien aux alentours. Ou presque. «La dent creuse», comme on la surnomme dans le quartier, n’était pas encore coincée entre deux immeubles de cinq et six étages, comme c’est le cas aujourd’hui.

Troquet convivial

«Cette maison abrita la première mairie de la Commune libre de Plainpalais», témoigne Gérald Berlie, le président de l’association des intérêts de Plainpalais. «Devenue trop exigüe, elle sera déplacée en 1889 au boulevard du Pont d’Arve, dans le bâtiment occupé actuellement par le Musée du Vieux Plainpalais.» Cette bicoque pittoresque accueillera par la suite, plusieurs estaminets, dont le célèbre café Chez Rita où l’on trinquait à l’amitié. «Ce troquet convivial attirait dans les années 70 une clientèle hétéroclite, constituée de puciers, de babas cool et de compagnons hambourgeois, qui logeaient à l’étage», nous expliquent trois vieux Plainpalaisiens, en sirotant une mousse à deux pas de là. Un temps, il fut même fréquenté par des épicuriens. «Ce bistrot était renommé pour sa busecca d’anthologie, une soupe bien nourrissante, à base de tripes, de patates et de fayots», ajoute Florian, un prof à la retraite, qui en salive encore.

La fin d’une époque

Las, la gargote allait perdre de son cachet avec l’apparition, au milieu des années 80, d’une nouvelle clientèle constituée de marginaux. Adieu le café. Place à la chaîne Pizza Hut, qui s’y installera la décennie suivante. Puis à une régie foncière qui a déménagé l’an passé pour faire place aux travaux de réhabilitation, en cours d’achèvement. «La dent creuse» restera donc creuse. Et c’est là tout son charme.