«Le Covid a été pour beaucoup l’occasion de repenser son mode de vie et sa manière de consommer»
Victoria Uldry, fondatrice du site genevois Closet
La crise du Covid-19 a non seulement poussé les consommateurs à opter pour des solutions locales, mais elle a aussi ramené sur le devant de la scène les questions environnementales. Un double mouvement qui a permis de doper les ventes d’articles de luxe de seconde main. Une opportunité pour Victoria Uldry qui est à la tête de Closet, un site destiné à favoriser les échanges entre vendeurs et acquéreurs de produits de luxe d’occasion.
GHI: Depuis le début de la pandémie, le business de la deuxième main explose. Vous confirmez?
Victoria Uldry: Tout à fait. Le marché de la seconde main était déjà en expansion ces dernières années, mais la pandémie a été un accélérateur de tendance. Le Covid a été pour beaucoup l’occasion de repenser son mode de vie et sa manière de consommer. Le consommateur fait des achats plus réfléchis, qui vont durer dans le temps et qui sont écoresponsables. L’accumulation d’autres facteurs liés au Covid tels que la fermeture des magasins et les problèmes de livraisons entre pays ont dirigé le client vers un achat en circuit court.
– C’est donc un changement profond de nos habitudes de consommation?
– L’image de la seconde main est en train d’évoluer. De plus en plus de plateformes offrent des articles déjà portés dans des états impeccables voire neufs. Un des nombreux atouts de la seconde main est de donner accès à des pièces de marque de bonne qualité sans se ruiner. On peut donc lui trouver un rôle d’atténuation des inégalités sociales.
– Quels sont les autres atouts?
– La seconde main est aussi un moyen de trouver des trésors qui ne se font plus aujourd’hui, les consommateurs étant de plus en plus friands des pièces rares et vintages. L’accélération de cette tendance est également due à la prise de conscience écologique du consommateur. Les problèmes environnementaux sont devenus l’une des préoccupations les plus importantes dans nos vies. L’industrie du vêtement, et plus particulièrement celle de la mode rapide, est l’une des plus polluantes sur notre planète. Les consommateurs ont donc la volonté de donner une seconde vie aux vêtements, afin de renouveler leur garde-robes tout en préservant notre planète.
– Quel est le profil type des acheteurs de luxe de deuxième main?
– D’abord, le jeune consommateur (18-25 ans) qui cherche à acheter des pièces tendances à des prix plus bas que le neuf, qui représenterait un investissement trop important. Il va généralement chercher à revendre l’article chez nous une fois qu’il ne le porte plus. C’est également le profil chez qui la conscience écologique est la plus développée. Ensuite, nous avons une clientèle d’une tranche d’âge entre 25 et 45 ans, qui, elle, cherche à trouver un bel article de bonne qualité et le portera plusieurs années. Pour finir, nous avons une clientèle plus âgée, entre 45 et 65 ans, friande d’articles vintages et de pièces d’exception. Ces pièces sont disponibles uniquement sur le marché de la seconde main.
– Avant la pandémie, vous aviez un showroom et vous organisiez des pop-ups stores*. Avez-vous pu maintenir ces activités ces derniers mois?
– Cette année, nous avons décidé d’annuler le premier pop-up du mois de mars pour soutenir les boutiques qui, elles, ont dû fermer à cause du Covid. Nous avons la chance d’être une plateforme en ligne, et contrairement à beaucoup de petits magasins de vêtements, notre business a pu continuer durant ces derniers mois difficiles. Nous espérons cependant maintenir notre événement du mois de juin.
* boutiques de vente éphémères ou de courte durée