«La presse: un bien public à préserver de toute urgence»

VILLE DE GENèVE • Préoccupé par la crise des médias en Suisse romande, le maire socialiste Sami Kanaan a mis sur pied, le 14 septembre, une journée inédite pour penser l’avenir de l’information. Nombreux experts et population sont invités aux débats et conférences. Explications.

  • Pour le maire de la Ville de Genève, la crise de la presse nous concerne tous. NICOLAS SCHOPFER

    Pour le maire de la Ville de Genève, la crise de la presse nous concerne tous. NICOLAS SCHOPFER

  • NICOLAS SCHOPFER

    NICOLAS SCHOPFER

«Y aura-t-il encore un seul titre de la presse écrite sur support papier en Suisse romande d’ici deux ou trois ans?», questionne avec gravité et un brin de provocation assumée Sami Kanaan, maire de la Ville de Genève. Pour le socialiste, pas de doute possible… le monde politique doit impérativement s’intéresser à la crise sans précédent que traverse la presse en général et écrite en particulier.

Rempart aux fake news

Reste à débattre de la forme. «C’est le but d’une journée comme #ACTMedia… remettre les modèles en question, placer l’intelligence collective au service du bien commun. La période de licenciements, restructurations, disparitions de titres phares que vit la presse est une affaire qui nous concerne tous. A l’heure où les fake news règnent en maître, qui d’autre que des médias libres pour servir de rempart à la désinformation? Qui d’autre pour garantir un contre-pouvoir et permettre à la démocratie de fonctionner, plus ou moins correctement?», appuie le maire.

Pour répondre à ces interrogations, Sami Kanaan a mis en place une tribune médiatique de tout premier ordre, le vendredi 14 septembre au Musée d’ethnographie. Animés par des élus, éditeurs, rédacteurs en chef, spécialistes des médias, débats et conférences se pencheront sur la situation de la presse locale et les types d’aides, publiques ou non, qui pourraient être envisageables. Comprendre les sources de la crise, les nouvelles opportunités et les défis du numérique figurent également au riche programme de la journée.

Point d’orgue

A propos de révolution digitale, le point d’orgue de l’événement sera une table ronde qui se déroulera en fin d’après-midi. Objectif affiché? Questionner la pertinence de la nouvelle loi sur les médias électroniques alors que la conseillère fédérale Doris Leuthard vient d’ouvrir la procédure de consultation. «Cette révision est une opportunité pour donner au service public les moyens de ses ambitions et, surtout, d’éviter de laisser le champ libre aux Google, Amazon et autre Facebook...», appuie Sami Kanaan. «Les réflexions de cette journée nourriront la prise de position que la Ville de Genève fera parvenir au Conseil fédéral, dans le cadre de la consultation ouverte sur la nouvelle loi.»

Ouvert à tous

Reste que pour le maire en charge du Département de la culture et du sport (DCS), une telle réflexion de fond qui devra se poursuivre dans la durée ne peut pas se mener efficacement sans la participation de la population. «Tout le monde est concerné par l’avenir des médias. Cette journée est donc ouverte à tous», explique-t-il. Avant de poursuivre: «De manière totalement inhabituelle, nous avons prévu un hackathon qui proposera à des équipes ouvertes au public d’avancer des solutions sur les différentes problématiques. C’est une occasion unique pour chacun de participer à façonner l’avenir de la presse en Suisse. Ne laissez pas filer cette occasion de passer de la parole aux actes».

Renseignements: www.ville-geneve.ch/mairie-actmedia