Le carrousel des licenciements a démarré

Depuis quelques semaines, les annonces de licenciements se multiplient comme jamais. Pas un seul jour ne passe sans une mauvaise nouvelle. Cent dix postes biffés chez Weight Watchers, 130 au sein de l’hôtel Richemond, 4500 chez EasyJet... Et ce n’est que le début. En quelques mois, la crise du coronavirus laisse déjà de nombreux employés sur la touche. Dès lors, il serait temps de se poser la véritable question: ces licenciements ne sont-ils pas trop rapides?

Prenons l’exemple du secteur aérien. A l’arrêt durant trois mois, il redécolle petit à petit (lire ci-contre). Quand il aura retrouvé son rythme de croisière, les compagnies devront donc réembaucher du personnel. Cela prendra du temps, il faudra dénicher les perles rares dans chaque département, parfois faire appel à des cabinets de recrutement, analyser les différentes candidatures, organiser des entretiens. Bref, toute une série d’étapes qui auront un coût. Souvent sous-estimé par les entreprises. Il est généralement compris entre 10’000 et 20’000 francs pour chaque employé recruté. Pour revenir à l’exemple d’EasyJet, la compagnie d’aviation devra donc dépenser environ 67 millions de francs pour réembaucher les 4500 employés licenciés. Sans compter les erreurs de recrutement, le coût d’une nouvelle formation et la perte de fidélisation des travailleurs.

Certes, la tentation de se défaire d’une partie de son personnel en temps de crise est tentante. Parfois, même nécessaire. Mais il serait judicieux d’englober l’ensemble des paramètres avant de prendre une telle décision. Reste que les mois à venir s’annoncent extrêmement compliqués. Selon une étude réalisée par la société de conseil Deloitte, la situation au travail s’est détériorée pour 63% des employés en Suisse et près d’un cinquième d’entre eux craint d’être licencié en raison de la crise sanitaire. Le temps risque malheureusement de leur donner raison…