Le Colibri, un bistrot mythique

PATRIMOINE • Fermé durant plusieurs mois, le vénérable troquet du quartier de Plainpalais a été rénové avec goût par sa nouvelle tenancière, aidée par toute sa famille. Une réussite.

  • Situé à l’angle de la rue de Carouge et de la rue Dizerens, Le Colibri a rouvert le 11 mai.  STéPHANE CHOLLET

    Situé à l’angle de la rue de Carouge et de la rue Dizerens, Le Colibri a rouvert le 11 mai. STÉPHANE CHOLLET

Troquet mythique de Plainpalais, le café Le Colibri a été repris en novembre dernier par Sandra Vasconcelos, qui tenait un tea-room à la rue Dancet. «Lorsque j’ai appris qu’il était fermé depuis plusieurs mois, ça m’a fait mal au cœur, car il s’agit d’un des bistrots historiques du quartier», souligne la nouvelle patronne, qui l’a repris sur un coup de cœur. «On a gardé son nom d’origine, car le propriétaire des murs y tenait. A raison, car un colibri, c’est trop mignon.»

Une institution

A Plainpalais, cet estaminet populaire tient, en effet, de l’institution. Car il s’agit de l’un des plus vieux cafés du coin et, mieux encore, du seul commerce du quartier qui n’ait pas changé de raison sociale depuis les années 1930!

Situé à l’angle de la rue de Carouge et de la rue Dizerens, cet établissement avait pris le nom du cinéma voisin, baptisé ainsi pour rendre hommage à ce joli oiseau-mouche. Inaugurée en 1923, cette salle obscure sera renommée, pour l’anecdote, le Pélican en 1950, avant d’être remplacée en 1967 par l’Empire, intégré dans un nouvel immeuble d’habitation, où il se trouve toujours.

Aujourd’hui, ce bistrot emblématique, qui était un brin décrépi, a retrouvé son charme d’antan. Grâce à notre interlocutrice, qui l’a rénové avec goût avec l’aide de toute sa famille. «On a tout refait avec nos petites mains, sans faire appel à des corps de métiers, ce qui nous a demandé un sacré travail», confie Sandra Vasconcelos, qui a changé le mobilier, revu la déco et repeint les murs, en y intégrant des touches de couleurs noires du plus bel effet, qui donnent un aspect cosy au lieu.

Fondues et feijoada

Une réussite. Car avant la crise sanitaire, les Plainpalaisiens s’y pressaient à nouveau en nombre. Imités par une nouvelle clientèle qui redécouvrait ce café patrimonial – doté de magnifiques arcades voûtées – situé dans un petit immeuble classé au charme désuet. Rouvert le 11 mai, après une pause forcée, Le Colibri vous propose des plats du jour mitonnés avec amour, de goûteuses fondues moitié-moitié et plusieurs spécialités portugaises, qui séduiront les papilles des épicuriens. Dont une divine feijoada, à base de haricots rouges et de diverses sortes de viandes. Une excellente adresse donc pour partager un bon repas et trinquer à la fin du semi-confinement. Trop chou, Le Colibri!

Habitants solidaires

La patronne du Colibri, Sandra Vasconcelos, n’a pas attendu la réouverture des bistrots pour allumer ses fourneaux. Depuis le début de la crise sanitaire, elle proposait des plats à l’emporter, paninis ou pizzas, sur le porche de son établissement. «Les habitués du lieu et les vieux Plainpalaisiens se sont montrés solidaires, quitte à ne commander qu’un café qu’ils buvaient à même le trottoir.» Une attention touchante, qui lui a permis de payer une partie de ses factures. Depuis le lundi 11 mai, elle applique les recommandations d’hygiène à la lettre. «Nous avons supprimé la moitié des tables pour respecter la distance de 2 mètres.» Des tables qu’elle doit désinfecter après chaque client. Un sacré boulot! «Par ailleurs, tout notre personnel porte des gants et des masques.» Au Colibri, comme partout les clients doivent aussi se désinfecter les mains à l’entrée. Un passage obligé pour goûter à la magnifique feijoada!