Very Bad Trip 3

PARLEMENT • Il se dit harcelé par la police du commerce. Faux rétorque l'Etat. Une députée PDC lance une interpellation urgente pour sauver les apéros et le poste de la serveuse.

  • La buvette du Grand Conseil est située à l'intérieur de la cour de l'Hôtel-de-Ville.

La buvette du Grand Conseil en Vieille-Ville est l'endroit où la majorité des députés se retrouvent pour parler politique, discuter le bout de gras, refaire le monde ou boire un verre entre deux séances parlementaires. C'est aussi parfois dans cette petite salle, communiquant d'un côté avec la tribune visiteurs et de l'autre avec l'espace réservé aux élus, que les députés se crêpent le chignon!

Buvette célèbre

Personne n'a oublié l'altercation en 2010 entre le MCG Eric Stauffer et le Vert Roberto Broggini. L'affaire s'était terminée par une plainte pénale et l'exclusion des deux députés de la buvette pendant plusieurs semaines. Le bouillonnant Eric Stauffer proposait alors qu'on y interdise la vente d'alcool. Rappelons que dans cette buvette «législative», est servi de l'alcool à un prix imbattable: 2,50 francs le ballon de vin local et 7 francs la vodka. La société gérante reverse 10% de son chiffre d'affaires à l'Etat.

«Je pars!»

Aujourd'hui, Bruno Savoy gérant de Régéservice, annonce qu'il va mettre la clé sous le paillasson à la fin du mois une fois les débats parlementaires terminés: «Ils devront trouver quelqu'un d'autre pour la rentrée!» tonne-t-il. En avait-il marre des verres de bières jetés à la figure et des incivilités de certains députés? Non! Régéservice prétend être harcelé par la police du commerce. «On me reproche de ne pas afficher le prix des boissons ou encore l'absence de carte des mets, détaille-t-il dépité, alors qu'il exploite cette buvette depuis sept ans. Pourtant, ces cartes existent bel et bien mais elles sont souvent par terre.» Il tient aussi à clarifier certains autres points querellés: «Je pratique exactement comme dans la petite cafétéria de l'Hôpital cantonal. Les clients paient à la caisse, c'est pour cela que je ne donne pas de tickets.» Bruno Savoy précise encore que le Département de l'économie lui a demandé que ses comptes soient réalisés par une société extérieure: «Il n'y a pas de raison, je ne suis pas un fermage», se défend-il. Enfin, il rappelle que cela fait des lustres qu'il attend des autorisations pour des travaux de rénovation de la part du Département des constructions.

Conforme

Pour sa part, le Service du commerce tient à démentir toute rumeur: «Cet établissement est conforme, relève le directeur Jean Genolet. Nous avons vérifié certains points de la législation en ce qui concerne l'affichage des prix.» Le directeur précise encore que ses services sont passés le 3 mai dernier, lors d'un débat de la Constituante, pour faire des contrôles usuels: «A l'issue de ces vérifications, nous avons demandé à l'employée quelques réajustements, et notamment d'afficher les prix comme l'exige la loi. Ces contrôles n'ont pas été effectués suite à des dénonciations, mais ils font partie des vérifications habituelles que l'on fait dans les milliers d'autres d'établissements de la place.»

Interpellation urgente

ChZ • En apprenant les déboires du tenancier de la buvette du Grand Conseil, Anne-Marie Von-Arx Vernon, députée et cheffe de groupe parlementaire PDC, a déposé le 30 mai une interpellation urgente écrite intitulée Le Conseil d'Etat et le Grand Conseil vont-ils laisser fermer cette buvette et faire perdre son emploi à sa dévouée responsable? «Des grincheux se seraient plaints d'une non-conformité de la buvette de Grand Conseil, s'indigne-t-elle. Cela entraînerait sa fermeture définitive et le licenciement de sa remarquable responsable. Je trouve cela inadmissible.». Un avis partagé par le député PLR Frédéric Hohl: «Parce qu'un ou deux députés se sont plaints, aujourd'hui le Service du commerce cherche des noises au tenancier? Je suis choqué, cette buvette n'est pas un club!»