Le MCG réclame le retour des p'tits cafés fumeurs

PROJET DE LOI • Le Grand Conseil se prononcera cette fin de semaine sur un projet de loi demandant de rétablir la fumée dans les petits bistrots.

  • Le Parlement débattra cette semaine d'un projet de loi demandant un retour en arrière de la loi sur la fumée passive.

    Le Parlement débattra cette semaine d'un projet de loi demandant un retour en arrière de la loi sur la fumée passive.

L'idée est surprenante et décalée. Suite au rejet de l'initiative sur la fumée passive par 66% des votants le 23 septembre dernier, le député Mouvement citoyen genevois (MCG) Christophe Andrié a concocté un projet de loi réclamant le rétablissement de la fumée dans les cafés-restaurants de moins de 80 m2. Si le Grand Conseil adopte le texte débattu au Parlement le 11 ou le 12 octobre, Genève se trouvera soumis au même régime que le canton du Jura qui accepte que l'on fume dans les petits cafés.

Loi fédérale

Pourquoi le MCG souhaite-t-il revenir sur la loi cantonale datant de 2010? Du moment que la Suisse a refusé ñ à l'exception de Genève ñ de durcir la loi sur la fumée passive, le MCG estime que tous les cantons doivent pouvoir être logés à la même enseigne. Autrement dit, il souhaite que Genève puisse avoir, tout comme le canton du Jura ou celui de Lucerne, des dispositions autorisant la fumée dans certains établissements. «Nous espérons pouvoir nous rapprocher de la loi fédérale en matière de fumée passive», poursuit Roger Golay, président et chef du groupe MCG au Grand Conseil.

Troubles de l'ordre public

Fustigeant la loi actuelle, les députés du MCG en pointent les failles: «Les nuisances, débordements et autres troubles de l'ordre public se multiplient et s'aggravent de jour en jour, dénonce Roger Golay. En hiver, les fumeurs se réfugient dans les allées d'immeubles, les cages d'escaliers ou les parkings aux abords des bars. En modifiant l'article 4 de la loi cantonale genevoise, nous rétablissons l'ordre public», plaide-t-il.

Fumoirs

Le projet de loi prévoit aussi l'instauration de fumoirs clos et ventilés dans les établissements publics, les cellules de détention, les hôtels, les chambres d'hôpitaux, les commerces spécialisés dans la vente de tabac et à l'Aéroport de Genève. «Les bars, les cafés, les casinos et les restaurants de Genève ont perdu en trois ans entre 30 et 50% de leurs chiffres d'affaires», soutient encore Roger Golay, qui rappelle que beaucoup de petits bistrots ont même dû mettre la clé sous le paillasson.

«C'est un combat d'arrière-garde!»

ChZ • Pour Jean-Charles Rielle, ancien président du CIPRET et président socialiste du Municipal, l'idée des députés MCG* va à contre-courant: «Tous les Genevois ont désormais compris les effets néfastes de la fumée passive. Genève était le seul canton à avoir accepté l'initiative de la Ligue pulmonaire suisse pour la protection contre la fumée passive le 23 septembre, ce qui prouve une nouvelle fois que les Genevoises et les Genevois sont convaincus que la norme a bien changé et qu'ils ne désirent plus être importunés par la fumée de quelques irréductibles dans les lieux publics.» Jean-Charles Rielle compare aussi cette volonté de réintroduire la fumée dans certains bistrots à un mépris de la prévention sur la santé. «Il ne faut pas dénier le combat de la santé publique. C'est comme si aujourd'hui on refusait le désamiantage… Oui, j'estime ce projet de loi politiquement indécent!»*Le projet de loi est présenté par les députés MCG Christophe Andrié, Pascal Spuhler, Eric Stauffer, Thierry Cerutti, Dominique Rolle, Mauro Poggia et Guillaume Sauty.