«Le pompage de l’eau en France tue nos rivières!»

GESTION DE L’EAU • Trois rivières sont asséchées et dépeuplées de poissons. La Fédération des pêcheurs accuse l’Etat d’avoir mal géré l’eau. Des tests sont en cours tempère le Canton.

  • La Drize à Troinex est complètement asséchée. Elle était la rivière la plus productive  pour la pêche à la truite. DR

    La Drize à Troinex est complètement asséchée. Elle était la rivière la plus productive pour la pêche à la truite. DR

«Tant que le Canton tolère le pompage de l’eau des rivières limitrophes par la France, nos cours d’eau mourront! dénonce Christophe Ebener président de la Fédération des sociétés de pêche genevoises (FSPG). Selon lui, «la Laire, l’Hermance et la Drize sont en train de mourir parce que Genève n’applique pas la politique transfrontalière sur la gestion de l’eau.»

Pratiques prohibées

Autrement dit, l’Etat ferme les yeux sur des pratiques interdites en France voisine: «Des communes françaises continuent à capter les derniers litres de source alors qu’il y a un déficit chronique en eau, s’étonne Christophe Ebener. La France prélève ainsi l’eau avant qu’elle ne se déverse dans nos cours d’eau, qui sont pourtant renaturés à coups de millions! «Ce phénomène connu de nos autorités depuis dix ans déjà a empiré avec la sécheresse de cet été, renchérit Maxime Prevedello, secrétaire de la FSPG. Pourtant, selon les deux pêcheurs chevronnés, des solutions existent: «Le Léman et les nappes phréatiques du bassin genevois pourraient satisfaire les besoins en eau des communes françaises», rappellent les deux pêcheurs chevronnés.

L’Etat comprend mais…

Interrogée, la direction générale de l’eau (DGEau), regrette la situation. «Avec l’évolution climatique et la connaissance insuffisante des endroits où capter correctement l’eau, nous devons attendre les résultats des études réalisées par les divers partenaires franco-genevois sur les quantités d’eau autorisées à prélever, explique Gilles Mulhauser, directeur général de l’eau au sein de Département du territoire. «Ces études nous renseigneront sur le lieu exact, la quantité et la qualité d’eau à prélever pour ne pas pomper, par exemple, dans les eaux alimentant les petites rivières.» Si le directeur comprend l’indignation des pêcheurs, il tient aussi à rappeler que la gestion transfrontalière de l’eau repose sur ces tests. La DGEau annonce toutefois que les mesures découlant de ces études pourraient intervenir d’ici 2020. Pas sûr que d’ici là, la colère des pêcheurs mais aussi des randonneurs scandalisés par nos rivières «moribondes», retombent.

Etat des lieux désatreux

Selon la Fédération des sociétés de pêche genevoises, les conséquences des assèchements des rivières cantonales, accentuées par les sécheresses estivales, sont catastrophiques. «Depuis fin août, des secteurs étendus de l’Hermance sont à sec, diagnostique Christophe Ebener, président de la Fédération. Le haut de la Laire renaturée s’écoule désormais sous son lit, laissant des galets sans eau. La Drize, sur l’ensemble de son parcours en amont, est à sec alors qu’il s’agit du meilleur ruisseau à truites du canton. Quant à l’Allondon, la situation de cette rivière franco-genevoise se dégrade de jour en jour car elle ne reçoit plus que quelques dizaines de litres d’eau par seconde de débit.»