Le Quai des Bergues sera piéton

GROGNE • Protestant contre une décision unilatérale de la Ville, les commerçants veulent être consultés.

  • La bataille de la piétonisation du Quai des Bergues ne fait que commencer.

    La bataille de la piétonisation du Quai des Bergues ne fait que commencer.

Douche froide pour les commerçants du Quai des Bergues. Conviés par la Ville de Genève à une séance d'information, fin janvier, ils ont été mis devant le fait accompli: dès le mois de mai, et pour un an de test, leur rue deviendra piétonne des ponts de l'Ile à l'hôtel des Bergues. «Ce n'est pas tout, complète Alain Jaques, patron de Jaques Optique, une centaine de places de parc seront biffées. Cela signifie que chaque jour, un millier de personnes ne viendra plus dans le quartier.»Ce qui scandalise les commerçants, ce n'est pas tant le projet que la méthode utilisée: «Lors de cette séance, ils n'avaient rien à nous montrer, rien à nous proposer, observe Lukas Breza, patron de la bijouterie Kunz. Or, ça fait quatre ans qu'ils en parlent. On ne sait pas s'ils n'ont rien à présenter ou s'ils nous cachent tout.»

Des parkings pleins

Car la façon de faire des autorités n'est pas anodine: «Dans l'immédiat, la Ville ne prévoit pas de travaux, souligne Ivan Terrier-Novakovic, patron de la Pharmacie des Bergues. On est parti pour quatre à cinq ans de projets et de décisions politiques. Pendant ce temps, nous nous retrouverons avec deux bacs à fleurs sur un bout de goudron vide, des clients de plus en plus rares et sans mesures financières compensatoires, puisque les travaux n'auront pas encore commencé.»Plus encore, les solutions évoquées pour remplacer les places de parc supprimées par le projet sont jugées irréalistes: «On nous parle des parkings situés à moins de 500 mètres, détaille Alain Jaques, mais celui de Manor est plein dès 11 heures du matin. Les deux autres parkings sous-terrains disponibles appartiennent à des privés.»

De la concertation, vite!

Marie-Hélène Giraud, cheffe au Service de l'aménagement urbain et de la mobilité, tempère les craintes des riverains: «Nous ne sommes qu'au début du processus de concertation. De plus, nous finalisons un projet d'aménagement temporaire qui sera réversible bien sûr, mais à la hauteur de la qualité de ce lieu. Par ailleurs, la Ville et l'Etat ne se soustrairont pas à l'obligation de compenser les places de parking. Ces 12 mois serviront justement à mener les études nécessaires.»De son côté, Rémy Pagani, magistrat responsable des constructions et de l'aménagement, remarque que «ce dossier s'est récemment débloqué et il faut tenter cette expérience pour en tirer les enseignements. Dans cette optique, je suis d'ailleurs prêt à rencontrer les commerçants des Bergues.»Une ouverture plus que nécessaire souligne Alain Jaques: «Si la Ville passe en force, elle devra assumer la fermeture de boutiques et une dynamisation des grands magasins de banlieue. Car l'animation d'une ville passe d'abord par ses commerces.»