Le Why Not tire le rideau

Le restaurant mythique, situé aux Glacis-de-Rive, fermera ses portes courant décembre. Rencontre avec son patron qui range son gilet.

  • Guy Weber, le patron du Why Not, quittera son habit de scène à la fin de l’année. MP

    Guy Weber, le patron du Why Not, quittera son habit de scène à la fin de l’année. MP

Le Why Not, c’est une institution. Et d’ici à Noël, un souvenir empli de nostalgie… Car, ce lieu mythique des nuits genevoises s’apprête à fermer ses portes. Ici, aux Glacis-de-Rive, depuis vingt-cinq ans, on croise le Tout-Genève mêlé au show bizz. Loin de la scène et des paillettes, lové sur les banquettes de feutre rouge, le gratin sirote un grand Bordeaux en chantonnant un air de Dalida ou de Michel Sardou. «Horaires tardifs, bons vins et musique! C’était la recette du Griffin’s où j’ai travaillé pendant quinze ans avec Bernard Grobet. Recette que j’ai ensuite appliquée au Why Not», résume le patron, Guy Weber.

Mémoire vivante

Aux murs, les affiches de pièces de théâtre témoignent des grandes heures de l’établissement. «Elles sont toutes dédicacées», précise-t-il, fier de son impressionnante collection. Mémoire vivante du lieu, «Guy» comme tout le monde l’appelle, a gardé la verve de ses 20 ans et son indémodable gilet mais l’énergie commence à manquer. «J’ai 68 ans. Je ne veux pas être le boxeur qui fait le combat de trop», lâche-t-il. Certes les restrictions administratives liées au bruit, puis le Covid-19, n’ont pas aidé mais là n’est pas la raison. «Tout a une fin…», indique simplement le sexagénaire.

Galabru, Villeret, Delon...

C’est donc décidé et serein qu’il quittera l’habit de scène. Peut-être pour faire un peu de conseils en vin. Il emporte avec lui ses souvenirs. «Ici sont venus: Michel Galabru, Jacques Villeret, Jean Piat. Alain Delon était un fidèle parmi les fidèles.» On y a même croisé Christophe Lambert. «Je n’ai qu’un regret, c’est de ne jamais avoir eu Johnny, ni Michel Sardou», précise-t-il, avant d’ajouter: «Tous mes clients sont des vedettes.» Des habitués qui pleurent déjà ce légendaire café.

Qu’adviendra-t-il de ces murs qui ont vu passer tant de pointures? «Les repreneurs vont fermer pendant trois ou quatre mois pour une réfection totale. Ce sera une nouvelle enseigne, un nouveau concept, plus moderne, détaille Guy Weber. Le côté ringard que je cultivais va disparaître.» Au Why Not, on ne viendra plus chanter. Ou alors, juste une «Dernière séance», un «Salut»!