Leur métier, c’est l’amusement, la gaieté, les rires d’enfants. Pourtant, ces derniers mois, les acteurs du loisir n’ont pas du tout le cœur à la fête. La raison: les mesures anti-covid sont en train de tuer leur gagne-pain. «A la fin février, on en sera à huit mois de fermeture sur un an, qui plus est les mois de forte activité, tel que novembre, résume Pierre-Yves Chomarat, gérant de Laser Game Genève. Huit mois avec un chiffres d’affaires de zéro. Sans indemnités spécifiques.»
Marine Sinclair, la fondatrice d’Exploracentre, qui a dû, lors de la première vague au printemps, licencier ses dix employés et quitter son local, rue des Bains, désespère: «Notre secteur fait partie des grands oubliés des autorités.»
Un collectif de 25 membres
Tous deux font partie des 25 membres du collectif Loisirs Genève, créé début décembre. Si tous ne sont pas dans la même situation – certains comme Yatouland étant à deux doigts de la faillite (lire encadré) – ils se sont réunis pour «parler d’une seule voix». Résultat: un mois après sa création, ledit collectif, qui représente 700’000 visiteurs par an et 200 employés, a été reçu vendredi 8 janvier par la conseillère d’Etat chargée du Développement économique, Nathalie Fontanet. A l’issue de cette rencontre, les cinq représentants présents ont une lueur d’espoir. Celle-ci prend la forme d’un projet de loi, dont la magistrate leur a présenté les contours (lire ci-dessous).
Contents d’avoir été écoutés et même entendus, les acteurs du loisir n’en demeurent pas moins inquiets. «Aujourd’hui, on essaie de survivre», lâche Marine Sinclair. «Depuis des mois, c’est l’ascenseur émotionnel. On oscille entre l’espoir et la douche froide. On peine par exemple à comprendre pourquoi les enfants peuvent retourner à l’école et pas chez nous», confirme Yan Favier, gérant de Yatouland.
«L’œuvre d’une vie»
«On n’est pas en train de dire que l’on veut rouvrir à tout prix, poursuit Gian Pinösch, co-fondateur et directeur de Trip Trap SA. Mais, si on nous oblige à fermer, il faut nous indemniser. Pour la plupart d’entre nous, nos sociétés, c’est l’œuvre d’une vie.» Les membres du collectif précisent aussi que la reprise sera lente, «avec une forte inertie au départ liée aux réservations.»
Tous s’inquiètent par ailleurs pour leurs prestataires externes (boulangers pâtissiers, artistes, maquilleurs, etc.) et pour leurs employés. «Nos entreprises emploient et forment des jeunes, des étudiants pour qu’ils puissent payer leur loyer», rappelle Marine Sinclair. «Et là, depuis des mois, on n’embauche plus», poursuit Noémie Benhamou, fondatrice et directrice du Bubble Kids Club.
Aux yeux du collectif, il en va aussi de l’attractivité du canton. Comme le rappelle Gian Pinösch: «On vend de l’émotion, de la passion, du plaisir. Si demain, nous ne sommes plus là et qu’il n’y a plus que des cabinets d’avocats et de médecins, à quoi ressemblera Genève?»