Les députés devront patienter pour regagner leurs pénates

Le Grand Conseil et le Conseil municipal de la Ville de Genève pourront retourner siéger en Vieille-Ville à la rentrée de 2021, soit six mois plus tard que prévu.

  • Dans la salle plénière, les travaux de maçonnerie se sont achevés fin 2019. LAURENT MIRANA/BONHÔTE & ZAPATA ARCHITECTES

  • L’aile Henri Fazy, attenante à la salle des Pas Perdus. LAURENT MIRANA/BONHÔTE & ZAPATA ARCHITECTES

Dans la cour de l’Hôtel de Ville, les échafaudages grimpent jusqu’au ciel. Derrière les bâches, la salle du Grand Conseil subit un lifting en profondeur. Depuis juin 2018, les ouvriers s’activent. Mais, pas aussi vite que prévu. A ce jour, la rénovation a six mois de retard. La livraison fixée à janvier 2021 est repoussée au début de l’été de la même année. «Ce qui permettra de garantir la rentrée parlementaire», précise Roland Godel, porte-parole du Département des infrastructures, qui préfère voir le verre à moitié plein. 
 
Grande complexité du chantier
Pourquoi un tel retard? La faute à «des aléas imprévisibles dans l’attribution de certains lots», écrit le président du Grand Conseil, Jean-Marie Voumard, dans une lettre à la maire de la Ville de Genève, Sandrine Salerno. Plus précis, Roland Godel évoque «diverses raisons comme des arbitrages à effectuer sur certaines finitions ou le processus de certains appels d’offres qui a un peu dépassé le calendrier prévu». 
De son côté, le chef de projet, Patrick Mollard, rappelle la grande complexité de ce chantier. «Il s’agit d’un des premiers bâtiments classés du patrimoine cantonal. Il a subi de nombreuses transformations. Dans les années 60, pour abriter la salle, une coque en béton a été construite à l’intérieur du bâtiment. Il faut désormais faire avec toutes ces strates.»
 
«Budget parfaitement respecté» 
Après la phase de démontage et de démolition, les travaux de maçonnerie ont suivi pour s’achever fin 2019. Il s’agit maintenant de poser la charpente métallique. «Celle-ci est réglée au millimètre près sur des murs dont certaines parties datent du XVe siècle, avec chacun leurs spécificités», précise le chef de projet. Le retard entraînera-t-il des surcoûts? Pas pour le projet lui-même. D’un montant de 19,4millions de francs, «le budget est parfaitement respecté à ce stade», assure Roland Godel. 
Reste que le retard oblige le Grand Conseil à jouer les prolongations à l’Union internationale des télécommunications (UIT). Sans surcoût puisque la salle Popov est mise gratuitement à disposition. En revanche, le Conseil municipal de la Ville de Genève, ne disposant pas d’une telle gratuité, paie une location qui s’est élevée à 198’000 francs en 2019 pour siéger à l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Les six mois de retard devraient donc coûter environ 100’000 francs.
 
Participation aux frais
Qu’en sera-t-il à la rentrée 2021? Le Conseil municipal devrait, tout comme le Grand Conseil, retrouver ses locaux historiques. Même si certains députés ont émis le souhait de ne plus partager leur salle avec le délibératif de la Ville de Genève. Ou encore de la lui louer. Mais le maire de l’époque, Sami Kanaan ne l’a pas entendu de cette oreille. «Nos archivistes ont retrouvé la trace d’un accord entre le président du Conseil d’Etat et le maire à la fin du XIXe, explique-t-il. A l’époque, certains bâtiments municipaux ont été donnés au Canton mais la Ville conservait un usufruit.» Ce à quoi Jean Romain, président du Grand Conseil en mai 2019, rétorque: «Mais rien ne dit que c’est gratuit!» 
D’où de nouvelles discussions pour trouver un terrain d’entente et éviter une Genferei... «On se dirige vers une participation aux frais», indiquent tant Sami Kanaan que le sautier Laurent Koelliker. Selon ce dernier, «avant, le Grand Conseil payait pour la casse ou les dysfonctionnements du système. Demain, les frais concernant l’entretien du matériel audiovisuel et informatique devraient être pris en charge aussi par le Conseil municipal.» Sami Kanaan s’est vu proposer un montant de 30’000 francs par an. Il rappelle, le sourire aux lèvres, que la Ville héberge gratuitement la commission des finances du Grand Conseil au sein du Musée d’art et d’histoire le temps des travaux.