A 42 ans, Luc* ne s’attendait pas à perdre son emploi de vendeur en bijouterie et horlogerie. La crise sanitaire et son impact sur l’économie ont changé la donne et l’ont envoyé grossir les rangs du chômage. A bien y réfléchir, le quadragénaire se dit que c’est peut-être l’occasion de se tourner vers un autre métier qui l’a toujours attiré: celui de physiothérapeute. Seulement voilà, difficile voire impossible de subvenir aux besoins de toute la famille et en parallèle de financer le retour aux études de Luc en comptant uniquement sur le salaire de son épouse.
Fin de l’âge limite
Il ne le sait pas encore mais c’est justement pour aider des gens comme lui à opérer une reconversion professionnelle que la loi a changé. «Depuis la rentrée, deux modifications majeures sont entrées en vigueur, détaille Ciro Candia, directeur du Service bourses et prêts d’études. Il n’y a plus d’âge limite pour obtenir une bourse d’études. Et, dans le cadre d’une reconversion professionnelle, le plafond de la bourse passe à 40’000 francs par an maximum, au lieu de 16’000.»
Des modifications qui vont permettre à des dizaines de personnes de bénéficier du système de bourse et de prêt d’étude alors qu’ils en étaient jusque-là exclus. «On estime à 450 le nombre de nouvelles demandes par an», poursuit Ciro Candia. A l’heure actuelle, 34 demandes émanant de personnes ayant plus de 35 ans (autrefois exclues d’emblée) sont en cours d’examen.
Droit à une «deuxième chance»
De quoi donner le sourire au député socialiste Grégoire Carasso qui a porté ce projet de loi et décroché un vote positif du Grand Conseil le 28 février dernier. «Ce n’était pas juste d’avoir une seule chance pour se former. Dans le contexte actuel de transition numérique, de crise sanitaire et de bouleversement du monde économique, comment être sûr d’être inséré dans le monde du travail et heureux dans son poste suite à un choix fait à l’adolescence?»
Un constat partagé par la Cour des comptes. Dans son rapport sur le sujet paru en mai 2018, elle constate que «les critères d’octroi reposent sur un modèle traditionnel de structure familiale et de parcours linéaire de formation qui ne correspondent plus à la réalité des situations vécues par la majorité des demandeurs de bourses». Et recommande de «mieux soutenir des parcours de formation non linéaires devenus norme plutôt qu’exception».
En d’autres termes, et selon les mots de Grégoire Carasso, il s’agissait d’«adapter le dispositif de soutien à la formation aux réalités du XXIe siècle et d’offrir une deuxième chance de se former». Reste maintenant à faire connaître cette nouveauté aux principaux intéressés.
Neuf millions de plus par an
A noter qu’une fois le dossier déposé, une commission tripartite évalue sa recevabilité et le montant alloué. Selon les prévisions, le coût de ces nouvelles mesures devrait être de 9 millions de francs par an (en tablant sur 450 boursiers supplémentaires à 20’000 francs en moyenne par cas). «Toutefois, il est à mettre en parallèle avec les économies réalisées sur les aides versées par le chômage et l’Hospice général», souligne Ciro Candia. Et Grégoire Carasso d’ajouter: «Sans compter que là, on finance avec des perspectives de retour à l’emploi!»
* prénom fictif