Les saisonniers se racontent à travers une exposition

Films, archives et témoignages retracent l’histoire de ces travailleurs venus d’ailleurs.

  • Grève de saisonniers de l’entreprise Murer. A voir dans l’exposition conçue par les Archives contestataires, le Collège du travail et Rosa Brux.

    Grève de saisonniers de l’entreprise Murer. A voir dans l’exposition conçue par les Archives contestataires, le Collège du travail et Rosa Brux. CHRISTIAN MURAT/BIBLIOTHÈQUE DE GENÈVE

Maçons, agriculteurs, blanchisseuses, forgerons, cuisinières, électriciens, menuisiers... Nombreux sont les saisonniers à avoir apporté leur pierre à l’édifice. Une exposition rend hommage à ces hommes et ces femmes venus d’ailleurs qui ont participé à la construction de Genève. Intitulé Nous saisonniers, saisonnières... Genève 1931-2019, cet événement débute mercredi 30 octobre.

«Vécu extrêmement douloureux»

Au cœur de l’exposition, on retrouve les témoignages de ces travailleurs et de leurs proches. Ils sont Italiens, Espagnols, issus des pays de l’ex-Yougoslavie ou du Portugal. Tel le père d’Helena de Freitas. Filmée à Genève où elle vit désormais, cette dernière raconte son passé de fille de saisonnier. Comme le veut le concept de la série Lettres ouvertes, de la cinéaste Katharine Dominicé, Helena de Freitas s’adresse à son petit frère Marco, dans une missive mêlant émotion et pudeur.

Elle décrit cette enfance, coupée en deux. Entre son petit village natal au Portugal et Genève où part son père, rejoint par sa mère, son frère et sa grande sœur. A des milliers de kilomètres d’elle. Dans une autre ville, un autre monde presque. De ces années de séparation (jusqu’à ses 10 ans), reste une blessure. Pour Vanessa Meminod, coordinatrice du projet Nous saisonniers, saisonnières, ce «vécu extrêmement douloureux» ressort de l’immense majorité de ces récits de vie.

Une autre partie de l’exposition revient sur l’histoire politique de la migration, depuis la création du statut de saisonnier né en 1931 jusqu’à sa suppression en 2002. Documents historiques, œuvres d’artistes et archives personnelles abordent les moments clés du parcours de saisonnier, du départ à l’éventuel retour. «Les arts et la culture facilitent la possibilité de prendre conscience, de ressentir des situations personnelles et des trajectoires de vie trop souvent ignorées, voire niées», souligne Sami Kanaan, conseiller administratif chargé de la Culture.

A découvrir au Commun (Bâtiment d’art contemporain), rue des Bains, à Plainpalais, jusqu’au 24 novembre. http://rosabrux.org/category/ saisonnier-ere-s/