Les tilleuls des Vernets sont condamnés à mort

URBANISME • Une cinquantaine de ces arbres prisés des abeilles doivent être rasés dans le cadre du futur quartier du PAV. Au grand regret d’un apiculteur. D’autres espèces seront replantées et en plus grand nombre.

  • Les tilleuls de la caserne des Vernets vivent leurs dernières semaines. En médaillon, Serge devant ses ruches. CHRISTIAN BONZON

    Les tilleuls de la caserne des Vernets vivent leurs dernières semaines. En médaillon, Serge devant ses ruches. CHRISTIAN BONZON

  • Serge devant ses ruches de la caserne des Vernets. DR

    Serge devant ses ruches de la caserne des Vernets. DR

«Les gens ont besoin de verdure», s’exclame Serge. Le sexagénaire n’arrive pas à comprendre qu’aucune organisation de protection de la nature ne soit montée au créneau pour protester contre l’abattage de la cinquantaine de tilleuls de la caserne des Vernets dans le cadre du grand projet Praille Acacias Vernets (PAV). «Je sais que l’on va construire des habitations. Mais n’aurait-on pas pu au moins en conserver quelques arbres du côté de la rue François-Dussaud, en face du garage Emil Frey?», s’interroge le Genevois.

«Tilleuls en pleine forme»

Il faut dire que Serge les aime ces tilleuls. Depuis deux ans, ce géomètre de formation reconverti dans les amandes au chocolat s’occupe des ruches qu’il a lui-même installées dans la caserne. Une dizaine pour une récolte de près de 250 kilos l’an dernier. «C’est quand même hallucinant que l’on doive abattre ces arbres en pleine forme», déplore Serge. Et c’est vrai. Les tilleuls des Vernets – plantés à la fin des années 1950 – se portent bien. Reste que l’on ne peut pas les préserver sur ce secteur où, rappelons-le, 1500 nouveaux logements vont être construits avec 26’400 m2 d’activités, 3300 m2 d’équipements publics et, tout de même, 25’000 m2 d’espaces verts.

Pins, érables et verger

Chef du secteur des forêts et arbres isolés au Département du territoire (DT), Roger Beer reconnaît que de tels alignements de tilleuls sont relativement rares même si l’on en trouve du côté du boulevard des Philosophes. Mais «la plantation d’arbres se pense dès l’élaboration d’un bâtiment», ajoute l’ingénieur EPFZ/SIA. «En densifiant la ville, comme au PAV et, dans le cas précis, aux Vernets, il aurait été impossible de les conserver», poursuit Roger Beer. Et de préciser que toutes les espèces de remplacements ont été validées par ses propres services: «Avant d’abattre, nous devons valider les propositions de replantation. Là, nous avons approuvé.»

150 espèces

Aux Vernets, on trouvera environ 150 espèces différentes: des tilleuls argentés, des aulnes, des pins sylvestres, des ormes, des érables, des micocouliers, des chênes verts, etc. Il y aura aussi un côté verger avec pommiers, poiriers, pruniers et figuiers. «Ils vont être plantés assez grands, promet Roger Beer. Outre les compensations exigées pour tout abattage d’arbre, nous regardons aussi que la reprise des végétaux plantés soit assurée. Ceci veut dire un entretien suivi du printemps à l’automne (arrosage, taille, formation, etc.) pendant en tout cas deux à quatre ans. Cela a toutefois un coût.»

Responsable de la planification à la direction du PAV, Emmanuel Chaze explique que davantage d’arbres seront plantés qu’abattus car il s’agit d’un objectif fort du projet urbain. «Ce n’est d’ailleurs pas qu’une question de chiffres. Nous allons faire quelque chose de plus cohérent notamment en lien avec le réaménageant, à moyen terme, des berges de l’Arve, su parking de la patinoire et de la rue François-Dussaud. On trouvera au final davantage d’espèces et d’îlots de verdure. Ceci afin de lutter contre les phénomènes des grandes chaleurs.»

La caserne des Vernets fermera ses portes fin juillet. Les premiers logements devraient être disponibles à partir de 2022.