L’Etat dresse un bilan positif de la lutte contre la radicalisation

  • 123RF/TOMBAKY

«Notre bilan après trois ans et demi de fonctionnement est très positif, résume d’emblée Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat en charge du Département de la cohésion sociale (DCS). Sur le terrain, nous avons pu offrir de l’information, un conseil spécialisé et un accompagnement individuel pour chaque situation», précise-t-il.

Le dispositif dont parle le magistrat s’appelle «Gardez le lien». Créé en 2016, il a été le premier en Suisse romande développé pour prévenir les ruptures familiale, scolaire et socio-professionnelle de personnes vulnérables qui pourraient être attirées par une idéologie ou un mouvement justifiant une forme de violence pour parvenir à ses fins.

Islam radical

Concrètement, la plateforme, qui comprend notamment une messagerie et une permanence téléphonique, toutes deux gérées depuis le 1er juillet 2019 par les spécialistes de l’association Rhizome, a traité 126 situations, essentiellement liées à l’extrémisme religieux et avant tout à l’islam radical (85%). Viennent ensuite l’extrémisme de droite (4%), l’extrémisme de gauche (3%) et d’autres violences (8%).

Mineures exposées

Sur les situations approfondies, près de 50% des demandes provenaient de proches inquiets – parents, famille élargie, amis–, 46% d’institutions publiques – principalement du Département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP) et du domaine social et éducatif – et 4% d’organisations privées.

Autre enseignement important, les tranches d’âge et la provenance des demandes. Près de 63% concernent des hommes et 37% des femmes. Chez ces dernières, les services de l’Etat constatent une prédominance de mineures (de 12 à 17 ans) et de jeunes adultes (de 18 à 25 ans). Concernant les hommes, les cas suscitant des inquiétudes touchaient surtout les jeunes adultes (de 18 à 25 ans) et les adultes (plus de 25 ans).

10% des cas signalés à la police

Côté provenance territoriale, près des trois-quarts des prises en charge (74%) viennent du canton de Genève. Le reste se répartissant entre les cantons de Vaud, Valais, Fribourg et Bâle. A noter encore qu’environ 10% des situations ont représenté un danger concret et ont dû être signalées à la police en raison notamment d’indices montrant des risques de violences motivés idéologiquement.

Bonne nouvelle, les nombreuses situations suivies et accompagnées par les professionnels du dispositif ont pu trouver, dans la plupart des cas, «une issue positive en créant ou recréant un lien social. Le but étant, notamment en ce qui concerne les jeunes en échec, de favoriser leur réinsertion et de réfléchir avec eux sur les raisons de leur échec», précise le DCS.

Nouvelle campagne

Fort de ce premier bilan positif, l’Etat a décidé de lancer, ce mois-ci, une nouvelle campagne de prévention contre toutes les radicalisations violentes. Au programme, des dépliants et des affiches qui seront distribués dans les associations et institutions. Une courte vidéo sera également diffusée dans les véhicules des Transports publics genevois (TPG). «Il est indispensable de continuer à développer le dispositif qui permet de désamorcer le processus de radicalisation», appuie le DCS. GHI