L'Etat réclame 300'000 francs au Moa

CLUBBING • Les déboires continuent pour le club de Vernier à qui l'Etat réclame notamment des arriérés de loyer.

  • Chaque week-end depuis 2003, le Moa Club fait danser des milliers de Genevois. Cette activité est menacée de disparition aujourd'hui.

«Le Conseil d'Etat veut nous assassiner!» La révolte de l'association du Moa Club est palpable. Et pour cause. Elle vient de recevoir une facture salée de la part de l'Etat, propriétaire de ses locaux. Au total, 272'250 francs. Les raisons? Une augmentation rétroactive du loyer ñ passé de 9250 à 28'000 francs ñ et l'occupation illicite des locaux, sanctionnée par une note de 28'250 francs par mois. «Nous ignorons ces lettres depuis quelques semaines, confie le directeur du club. Mais si l'Etat continue à nous harceler, nous déclarerons la grève et nous descendrons à plusieurs milliers dans la rue. La population nous soutient», menacent les membres de l'association du Moa Club.Paiement a posterioriPour l'instant, la résistance se fait entre avocats: «L'Etat de Genève abuse de la situation, soutient Me Cyril Aellen, avocat du Moa. Stop maintenant! Il faut cesser de menacer le Moa d'une fermeture pour obtenir une augmentation du loyer si importante.» En effet, rien n'avait laissé présager l'exigence rétroactive de cette somme pour la période de 2011. Car si l'Etat avait décidé de tripler le loyer dès la fin du bail en février 2012, il n'avait jamais réclamé ce tarif auparavant. Aujourd'hui, il demande dix fois 18'750 francs, soit la différence entre le nouveau loyer et l'ancien. «Je ne comprends pas ce harcèlement de l'Etat et de la régie», déplore Seb Courage, directeur du club.Occupation ambigueAutre zone d'ombre du dossier: le droit du club d'occuper les locaux. «L'Etat a renoncé à l'expulsion immédiate, détaille Me Aellen. Mais il continue à soutenir qu'il n'y a pas de bail en vigueur.» Et de préciser: «J'ai demandé au Tribunal des baux et loyer, à titre principal, de constater l'existence d'un bail à durée indéterminée et, subsidiairement, une prolongation du bail pour une durée de six ans. Jusqu'ici, le Moa a vu renouveler son contrat de location successivement et à maintes reprises. Ce n'est pas normal!»Etat muetDu côté de l'Etat, on préfère se taire: «Une procédure judiciaire étant en cours auprès du Tribunal des baux et loyers, le Département des constructions et des technologies de l'information (DCTI) entend garder la primeur de ses arguments à la justice et ne souhaite pas s'exprimer publiquement sur ces questions», se borne à répondre Laurent Forestier, porte-parole du DCTI. Une autre source proche du dossier révèle que «Monsieur Courage recevra prochainement une lettre lui rappelant qu'il faut respecter le contrat en cours». En bien ou en mal, le Moa n'a pas fini de faire parler de lui.