C’est une vente inédite. Le 29 septembre prochain, les bolides de Teodorin Obiang, vice-président de Guinée équatoriale, seront vendus aux enchères au golf de Bonmont (VD). L’épilogue d’une affaire qui aura duré près de trois ans, depuis la saisie, à Genève, d’une vingtaine de véhicules de luxe au mois de novembre 2017 par le Ministère public genevois. Organisée par la maison Bonhams, spécialisée dans la vente de belles voitures, la vente comprend 25 bolides aux noms qui font rêver: Aston Martin, Bentley, Bugatti, Ferrari, Maserati, Mercedes Maybach, Porsche, etc. Dix d’entre elles sont très rares, notamment une Koenigsegg et une Lamborghini Veneno.
Bref, des cabriolets et des limousines, il y en aura pour tous les goûts. Mais pas pour toutes les bourses… Selon le site autoplus.fr, la vente devrait générer plus de 12 millions d’euros (plus de 13 millions de francs). Un huissier de la place genevois s’interroge: «Mais pourquoi la vente a-t-elle lieu dans le canton de Vaud?» Le lieu choisi – une abbaye du XIIe siècle surplombant le Léman – est certes superbe. Mais elle ne rapportera pas un sou à Genève quand bien même elle est ordonnée par le Ministère public et réalisée par un collaborateur de l’Office cantonal des faillites.
«Aucune taxe relative à cette vente ne sera perçue à Genève, confirme Tatiana Oddo Clerc, secrétaire générale chargée de communication au Département des finances. Conformément à l’article 30 de l’Ordonnance sur les émoluments
perçus en application de la loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite (OELP), un émolument de deux pour mille sera prélevé sur le produit de la vente. Cet émolument sert à couvrir les frais engagés lors d’une vente.»
L’argent pour du social en Afrique
Ah! la bonne affaire, quand on sait que les frais de séquestre des bolides ont coûté des centaines de milliers de francs si ce n’est davantage (dans les deux millions selon nos sources)
à Genève et donc aux contribuables genevois. Tatiana Oddo Clerc rassure: «Les frais de conservation seront déduits du prix de vente, le solde étant ensuite destiné à un programme à caractère social en Guinée équatoriale.» Ce dernier devra être transparent et mené sur la base d’un accord international négocié par le Département fédéral des affaires étrangères. «Ce que je trouve quand même dommage, c’est que l’Etat de Genève va perdre entre 200’000 et 300’000 francs via ce que l’on appelle des frais d’enregistrement qui se négocient, dans le canton de Vaud, entre 5’000 et 10’000 francs», assure l’huissier genevois. Tant mieux si Genève n’a pas besoin d’argent…