Dans le passage des Grottes, une palissade se dresse devant l’ancien Rialto. Ce qui fut jadis un cinéma comptant sept salles est en train de disparaître par bennes entières. Les travaux de démolition et d’évacuation des déblais ont commencé en début d’année. «C’est un chantier relativement important. Il faut vider les trois niveaux: le rez-de-chaussée et les deux sous-sols», précise Petra Posselius, fondatrice de Nonstop Gym.
Regrets de Rémy Pagani
Né en 1932, l’ex-Rialto, qui a connu sa dernière séance le 10 janvier 2016, est en effet en passe de devenir un fitness. Le neuvième centre genevois de cette chaîne dont le concept s’appuie sur des petits prix et un accès illimité vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. «Il s’étendra sur 1000 m2», poursuit Petra Posselius.
En février 2019, au moment de la requête en autorisation de construire, des voix s’étaient élevées pour regretter la disparition d’un lieu de culture au profit d’un centre de fitness. Cité à l’époque dans la Tribune de Genève, le conseiller administratif de la Ville de Genève, chargé du Département de l’aménagement et des constructions, Rémy Pagani, espérait encore faire valoir le règlement relatif aux plans d’utilisation du sol pour conserver à ce lieu son affectation culturelle.
Aujourd’hui, le magistrat s’est résigné: «On a tout essayé, confie-t-il au GHI. Mais, tant les mesures de bruit que l’indispensable et coûteuse mise aux normes sont un obstacle. C’est un désastre car on aurait bien besoin de lieux culturels supplémentaires, mais ici, ce n’est malheureusement plus possible.»
Le cas différent du Plaza
Le groupe créé sur les réseaux sociaux et intitulé «Pour que les 7 Rialto deviennent un espace multiculturel autogéré» n’a pas fait long feu. «En réalité, la lutte a cessé aussitôt qu’elle a commencé», résume le metteur en scène José Lillo, fer de lance de ce combat et de la sauvegarde du Plaza. Un retournement de situation comme cela a été le cas pour cette autre salle mythique est-il encore possible? «Non, répond José Lillo. Les deux cas ne sont pas comparables. Sans travaux d’importance, l’infrastructure n’était en fait pas appropriée pour faire du Rialto un lieu culturel. Et puis, on ne pouvait pas perturber l’activité de l’hôtel qui a tout légitimé.»
Car, le Rialto et l’hôtel Cornavin sont indissociables structurellement et foncièrement. Selon Marc Fassbinder, propriétaire de l’hôtel avec son épouse, «quand Pathé est parti, nous avons cherché un autre locataire. Nonstop Gym était la meilleure proposition» et la plus compatible avec l’infrastructure. Bientôt, les vélos et autres appareils de musculation intégreront les lieux. «C’est un peu tôt pour donner une date d’ouverture mais on espère courant automne 2020», conclut Petra Posselius.