En Suisse, l’hôtellerie souffre. A Genève, elle vit le martyre. Un martyre dont les conséquences s’annoncent désastreuses selon Thierry Lavalley, président des hôteliers genevois et directeur du Fairmont Grand Hotel Geneva, sur le quai du Mont-Blanc: «L’hôtellerie genevoise est touchée de plein fouet avec une baisse des réservations de 70% en mars et 90% en avril. Genève est particulièrement touchée en raison de l’absence totale du tourisme d’affaires et de congrès. Pour rappel le secteur de l’hôtellerie-restauration représente plus de 15’000 emplois dans le canton.»
A l’heure où ces lignes sont écrites, environ 70 hôtels restent encore fermés sur les 126 que compte le canton. Les récentes annonces de réouverture progressive des frontières européennes en juin ont été accueillies avec un enthousiasme mesuré comme le précise Sophie Dubuis, présidente de Genève Tourisme: «Il faut toujours garder espoir, évidemment, mais Genève a la particularité d’accueillir des touristes de tous horizons. Les Européens et les Suisses ne suffiront donc pas à combler l’absence de nuitées.»
Philippe Rubod, CEO de Swiss Hospitality, fait également preuve d’un optimisme tout relatif: «Cela me redonne forcément de l’espoir, mais la reprise des voyages sera progressive. S’agissant du tourisme d’affaires, la plupart des entreprises ne sont pas encore à même de financer des déplacements professionnels massifs incluant des nuitées hôtelières. Et en expérimentant le télétravail à large échelle durant la crise, nombreuses ont pris goût à une nouvelle façon de tenir certaines de leurs réunions transnationales.»
Eté maussade annoncé
Autre motif d’inquiétude relevé par la dernière étude de Credit Suisse: l’été s’annonce maussade pour le tourisme urbain. Les villes seront ainsi nettement pénalisées par rapport aux régions montagneuses qui offrent des escapades sécurisées en pleine nature. Une analyse partagée par Sophie Dubuis: «Nous sommes conscients que les touristes pourraient avoir des réticences à venir dans les villes et préférer les montagnes ou la campagne.»
Avec un début d’année catastrophique et la perspective d’une période estivale terne, certains hôteliers genevois devront passer par la case faillite. Thierry Lavalley ne le cache pas: «Malheureusement, certains établissements sont menacés car ils n’ont pas les liquidités pour affronter plus longtemps cette période de crise.» Même son de cloche de la part de la présidente de Genève Tourisme: «Une étude de la HES-SO Valais parle de plus de 30% de faillites dans notre domaine. Seule la solidarité des clients et des partenaires institutionnels pourra aider à en éviter certaines.»