L’immobilier sera fortement impacté par la crise

Déjà fragile avant la pandémie de coronavirus, le marché immobilier genevois s’apprête à vivre de fortes turbulences. Avec pour conséquence, une baisse annoncée du prix des appartements et des maisons.

  • Une étude prévoit une baisse de 5% des prix de l’immobilier genevois ces prochains mois. DR

    Une étude prévoit une baisse de 5% des prix de l’immobilier genevois ces prochains mois. DR

A l’heure où l’économie genevoise affronte une récession brutale, l’immobilier est également infecté par la pandémie de coronavirus. Les transactions subissent un sérieux coup de frein, les taux hypothécaires remontent et le spectre d’une crise se précise jour après jour. Selon le dernier sondage réalisé par MoneyPark, la baisse de la demande est déjà là: «En avril 2020, 57% des locataires se déclaraient intéressés par l’achat d’un logement. C’est nettement moins qu’avant la crise, puisqu’ils étaient encore 70% de cet avis en décembre 2019. La crainte d’une réduction prolongée de l’horaire de travail, du chômage et de la dépendance financière est vraisemblablement à l’origine de cette situation.»

Pour l’économiste Sergio Rossi, il existe une autre menace: «Les nombreux propriétaires de maisons auxquels les banques avaient octroyé des crédits hypothécaires considérant que leurs salaires étaient suffisants pour assurer le service de la dette, ne pourront pas payer les intérêts échus ni l’amortissement, suite à leur impossibilité de recevoir le salaire que la banque avait considéré pour leur octroyer une hypothèque.»

Des signaux négatifs, mais...

Malgré cette constellation de signaux négatifs, Pierre Michel, CEO de Swiss Real Estate Management, se veut rassurant: «Pour le moment, les revenus de la majorité des ménages ne sont que peu touchés, grâce aux aides proposées aux entreprises par les pouvoirs publics. On ne constate pas aujourd’hui de baisse notable du prix des appartements et des villas.» Même son de cloche de la part de Stéphane Jaggi, associé chez Moser Vernet & Cie: «Le faible volume de construction réalisé ces dernières années n’a pas permis d’atteindre une offre suffisante de logements pour répondre aux demandes de toutes les classes de la population. Ainsi, nous n’attendons, pas à court terme, une réduction des prix liée à une offre trop abondante de biens immobiliers.»

Plus pessimiste, la dernière étude réalisée par UBS prédit que le marché immobilier restera au point mort ces prochains mois. Induisant un effondrement de la demande de logements en propriété et une réduction des prix d’environ 5% en moyenne.

Bureaux vacants

En ce qui concerne les surfaces commerciales, la banque prévoit une dévaluation de plus de 10%. Une chute brutale qui n’étonne pas Pierre Michel: «Ces surfaces avaient déjà commencé à connaître un important taux de vacance avant la crise actuelle. Elles font face à un problème structurel amplifié par un problème conjoncturel. Les mois prochains vont certainement être difficiles pour les propriétaires de biens commerciaux. Quant à savoir combien de temps cela durera, c’est une autre histoire!» Et plus l’économie tardera à repartir, plus les effets seront importants comme le rappelle MoneyPark: «Si la crise du coronavirus se prolonge et que l’économie entre dans une longue phase de récession assortie d’une forte recrudescence du chômage, il faudra probablement s’attendre à d’importantes corrections de prix.»