Nouveaux emplois à l’Etat: «Stop au copinage!»

Un député réclame au Conseil d’Etat des processus d’engagement du personnel totalement transparents avec communication des évaluations au Grand Conseil. Une requête qui fâche une partie de l’exécutif. Explications.

  • Le 19 septembre dernier, le Conseil d’Etat présentait le budget 2020. MARIE PRIEUR MARIE PRIEUR/DR

  • Alberto Velasco. DR

    Alberto Velasco. DR

Rebondissement dans la polémique sur les 412 nouveaux postes prévus au budget 2020 de l’Etat de Genève. Cette fois, c’est le député socialiste Alberto Velasco qui dégaine. Lors d’une séance de commission des Finances, chauffée à blanc, il a réclamé au Conseil d’Etat que «chaque nouveau poste inscrit au projet de budget fasse l’objet d’une mise au concours et d’un processus d’engagement totalement transparents avec communication des évaluations. Le parlement a le droit de savoir où vont les postes et si leur création se justifie».

«Mettre fin à ces pratiques!»

But avoué de la manœuvre? «Prioriser les emplois de terrain. La population a besoin de personnel qui lui fournit des prestations directes. Je pense aux infirmières, sapeurs-pompiers, policiers, enseignants ou travailleurs sociaux», clarifie Alberto Velasco. Avant de préciser: «La gauche à tout intérêt à faire en sorte que les emplois aillent aux services qui en ont vraiment besoin. Pas question de grossir les rangs, déjà hypertrophiés, du personnel technique et administratif. Pas question non plus de se faire balader avec des augmentations d’effectifs pensés pour coller au profil de proches ou tenant davantage du copinage et du retour d’ascenseur politique. Il est temps de mettre fin à ces pratiques!»

Galère

Car l’autre préoccupation de l’élu socialiste est de tout mettre en œuvre pour que les postes créés puissent réellement bénéficier à l’ensemble des travailleurs du canton. «Je rencontre de nombreuses personnes sans emploi et qui après deux ans de chômage sont toujours dans la galère, explique Alberto Velasco. L’Etat doit faire preuve d’exemplarité pour que ces personnes aient des chances de retrouver un emploi et pour que les postes de cadres ne bénéficient pas uniquement à une caste de privilégiés.»

Non-sens

Contacté, le président du Conseil d’Etat Antonio Hodgers préfère, pour l’heure, ne pas se prononcer. Attitude beaucoup plus offensive du côté du magistrat Mauro Poggia. «D’abord, à l’Etat, tous les postes doivent être annoncés à l’Office cantonal de l’emploi selon la directive proposée par mon département, fin 2014, et acceptée par le Conseil d’Etat, rappelle le patron de la Sécurité, de l’Emploi et de la Santé. Ensuite, la priorité que veut vérifier ce député est un non-sens. Il peut contrôler chaque poste demandé et il constatera qu’il n’est en aucun cas question d’augmenter les cadres ou les proches collaborateurs. Il faut arrêter de fantasmer et de vouloir transformer les membres du gouvernement en commis administratifs. A force de vouloir tout contrôler, alors qu’il n’en a ni le temps ni les compétences, le Grand Conseil n’aura bientôt au gouvernement que des béni-oui-oui. Genève comprendra alors sa douleur.»

Autant dire que les prochaines sessions sur le projet de budget 2020 vont être plutôt tendues.