Deux mois, entre novembre et décembre 2020, c’est le temps qu’il a fallu à Pierre Maudet pour accoucher de ce premier livre intitulé, opportunément, Quarantaine, chronique d’une crise annoncée. Autrement dit, un temps d’isolement forcé et de crise à durée variable. Mais aussi de recherche d’indépendance et d’un réel espoir de renaissance.
Prise de risque
Première bonne surprise, dans ce bouquin de 96 pages publié aux Editions Cabédita, l’homme aujourd’hui âgé de 42 ans, marié et père de trois enfants, balaie d’emblée quelques vieux schémas. Il prend ainsi le risque, inhabituel pour lui, de se livrer davantage sur sa vie privée.
Oh pas de révélations fracassantes mais une envie sincère de fendre la carapace et de partager son inexpérience dans ce registre délicat de la confidence. Un exercice hautement risqué. Surtout lorsqu’on manque cruellement de repères et qu’il n’est pas facile d’être aussi bon du premier coup à l’écrit qu’à l’oral.
Pas de règlement de comptes
Aux lecteurs de juger si l’examen de la transparence autobiographique est réussi. Si porter la plume là où ça fait mal permet à Pierre Maudet d’éclairer certaines zones d’ombre d’une nouvelle lumière et l’aide ainsi à reconstruire partiellement son image. Dans tous les cas, entre grave accident militaire et vie familiale en état de choc il y a là assurément matière à profondes réflexions.
Il en va de même pour les autres chapitres du livre qui, pêle-mêle, reviennent sans volonté de régler des comptes mais sans amnésie non plus notamment sur son voyage à Abu Dhabi – dont l’épilogue judiciaire reste encore à écrire –, son mensonge et son mea culpa sur les ondes de Léman Bleu, sa mise à l’écart du Conseil d’Etat…
Bref, des pages entières qui passent au crible la véritable descente aux enfers d’un surdoué de la politique mis au ban du pouvoir depuis plus de deux ans et demi. Précisons qu’en bon candidat en campagne à sa propre succession au Conseil d’Etat, Pierre Maudet ne manque pas de rappeler les nombreux faits marquants d’une brillante carrière de plus de vingt ans. Au passage, il en profite pour livrer ses remèdes pour sortir de la crise sanitaire, économique et sociale.
C’est dire sa capacité de résilience hors norme (lire à ce propos l’excellente préface du psychiatre Panteleimon Giannakopoulos). C’est souligner aussi sa volonté encore intacte d’en découdre. Crise de la quarantaine ou non, son message est clair: il faudra encore compter avec lui.
Aux (é)lecteurs de dire jusqu’à quand…
«Quarantaine, chronique d’une crise annoncée», de Pierre Maudet aux Editions Cabédita www.cabedita.ch