Si vous flânez du côté de la rue de Carouge, vous tomberez peut-être sur des plaques d’égout de collection. Sur leurs couvercles en fonte, ornés de jolis motifs géométriques, on peut y lire ceci: « Plainpalais, fonderie de la Cluses». De véritables antiquités. Songez, ces pièces datent de la Commune libre de Plainpalais (1892-1930), qui s’étendait du Bois-de-la-Bâtie au Bout-du-Monde. D’où leur intérêt.
Patrimoine artisanal
«Il y en reste quelques-unes dans le quartier», confie Gérald Berlie, le président de l’association des intérêts de Plainpalais, qui va alerter la Ville de Genève pour que ces vénérables cylindres ne disparaissent pas lors de travaux. «Le musée du Vieux Plainpalais en possède un, qu’il conserve comme une précieuse relique, témoin d’un passé révolu.» D’un patrimoine artisanal aussi. Car ces plaques ont été coulées chez nous, et pas en Inde. Alors, pas touche !
A la ferraille
Etrangement, personne n’a jamais songé à répertorier ces couvercles historiques. «On possède une cartographie précise des réseaux d’eau, mais pas de nos plaques d’égout, qui ne sont pas numérotées», explique Nicolas Betty, chef du Service du génie civil au Département des constructions et de l’aménagement. Et pour cause. Leur vocation, c’est d’être utilitaire. Et lorsqu’une plaque ne remplit plus sa mission, on la change. Sans état d’âme. Que deviennent-elles? «On les stocke, avant de les revendre à des ferrailleurs… »
A la mode!
Les vieux modèles finissent donc souvent à la casse. Et c’est bien dommage. Car ce mobilier urbain est devenu tendance. Certains les immortalisent en photos, d’autres utilisent leurs motifs pour créer des t’shirts ou des paillassons. A l’instar de cette boutique en ligne, qui propose des oreillers ornés d’une belle plaque d’égout genevoise. Une ancienne s’entend. Car les nouveaux couvercles de la Ville n’ont rien de collector. Exit blasons et inscriptions. Aujourd’hui, nos égouts sont propres en ordre…