Postobligatoire: recherche remplaçants désespérément

PÉNURIE • Malaise: des écoles peinent à trouver du personnel remplaçant. Le Département de l'instruction publique nuance.

  • Phénomène connu: les remplaçants en langue, notamment en allemand, sont rares.

    Phénomène connu: les remplaçants en langue, notamment en allemand, sont rares.

Des parents* d'élèves d'une école de commerce de la rive droite sont très inquiets. «Depuis le début de l'année, nos enfants n'ont pas eu de cours d'allemand, lancent-ils. L'enseignant étant en congé maladie, on leur dit qu'il n'y a aucun remplaçant disponible. Et comme ils sont en dernière année, cela pourrait mettre à mal leurs examens, donc leurs certifications.»

Restriction budgétaire

D'autres collèges et écoles de commerce sont-ils concernés? «Cette pénurie touche tous les collèges, précisent deux enseignants*. Et le mot d'ordre, qui émane du Département de l'instruction publique (DIP), n'arrange rien. Restriction budgétaire oblige, il faut économiser dans tous les domaines: cours de gymnastique et de dessin, matériel et fournitures, sorties, mais également remplacements. Comment fait-on, nous, pour respecter le programme scolaire dans ce cas?»

Allemand: toujours problématique

Face à de très nombreux départs à la retraite anticipée, due au PLEND notamment, les directions générales de l'enseignement obligatoire et postobligatoire et l'Institut universitaire de formation des enseignants (IUFE) confirmaient, dans leur communiqué de rentrée scolaire, «collaborer pour assurer une relève de qualité et contrer les effets de pénurie dans certaines disciplines.» Bernard Schneuwly, directeur de l'IUFE, reconnaît que «le recrutement de remplaçants en allemand est toujours problématique, car il y a peu d'étudiants dans cette branche, note-t-il. Mais, je suis étonné qu'on a peine à en trouver dans des disciplines comme l'italien ou l'anglais.»

Point de tension stabilisé

De son côté, la Direction générale du postobligatoire (DGPO) reconnaît qu'il «existe, depuis quelques années, des difficultés pour remplacer les enseignants d'allemand absents», précise Eric Monneron, directeur adjoint au service des ressources humaines. Et d'ajouter: «Mais il n'existe aucun mot d'ordre de la part du DIP relatif à des restrictions budgétaires que ce soit au niveau de l'achat de matériel scolaire, ainsi que celui des remplacements». Eric Monneron assure: «Après enquête auprès des services des remplacements des établissements secondaires du postobligatoire, ces difficultés n'ont pas empiré cette année, dans la mesure où les absences de longue durée ont pu être bien anticipées et organisées avant la rentrée scolaire. Il est vrai que dans certains cas, des réponses n'ont effectivement pas pu être apportées dans l'immédiat et que des élèves ont dû être libérés de leurs cours pendant une à deux semaines. Mais la situation est maintenant stabilisée et des mesures ont été prises pour que les retards soient comblés.»

Les raisons qui font mal

FL/SJ • Jean Romain, député libéral-radical, ne mâche pas ses mots: «L'école a abandonné la transmission du savoir pour faire du gardiennage ludique d'adolescents. Pour le remplaçant, c'est à la fois ingrat et inintéressant.» Résultat? «La classe s'est peu à peu vidée de l'autorité qu'apporte le savoir au profit d'un carcan idéologique que l'on apprend à l'IUFE (Institut universitaire de formation des enseignants). Il a transformé la pédagogie d'un art en pseudoscience. Pour le remplaçant, c'est proprement hallucinant. Impossible donc de faire son travail dans une structure incohérente. Le savoir n'est plus au centre mais le savoir-être. Le remplaçant plus encore que le professeur doit faire face aux incivilités, à l'indiscipline. Il arrive les yeux brillants d'un idéal alors que l'on est en plein laxisme.» Quant à Pierre Weiss, il semble plus confiant. «A court terme, des apports extérieurs sont possibles, considère le député libéral-radical. Cela s'est passé ainsi à chaque période de carence avec le recrutement de Français et de Belges.» Il table sur la prochaine législature pour «entamer la réforme de l'Institut universitaire de formation des enseignants (IUFE) en rendant la formation des maîtres moins théorique.» Enfin, «on devra agir sur les parents pour restaurer le respect pour la profession d'enseignants», conclut-il.