Salle du Grand Conseil cherche locataires occasionnels

RENTABILISER • Le député PLR Jean Romain, qui vient de quitter la présidence du parlement, estime que l’on pourrait bien partager un peu l’utilisation d’une salle dont les travaux coûtent plus de 19 millions.

  • La salle du Grand Conseil avant la rénovation. DR

    La salle du Grand Conseil avant la rénovation. DR

  • Le député Jean Romain. DR

    Le député Jean Romain. DR

Ils ont dû changer d’habitudes et de rives. Bientôt un an que le Grand Conseil genevois est délocalisé du côté de la place des Nations, dans une salle mise à disposition gracieusement par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Dix mois exactement que les députés tiennent séance dans la salle Popov, le temps que leur salle de l’Hôtel de Ville – elle datait des années 1960 – soit rénovée dans la Vieille-Ville. Les parlementaires genevois devraient ainsi retrouver leurs «locaux historiques» au début 2021. C’est en tout cas ce qui est prévu.

Président du Grand Conseil de mai 2018 à mai 2019, le PLR Jean Romain n’a pas fait que diriger les débats pendant son année de «perchoir». Il le dit sans détour: «J’ai milité pour que l’on puisse louer la salle du Grand Conseil une fois que celle-ci sera rénovée. Les travaux coûtent plus de 19 millions de francs pour ne l’utiliser que deux jours par mois.» Il faut donc, selon Jean Romain, «ouvrir ce lieu mythique». Et le rentabiliser, au moins un petit peu, en louant les locaux.

Va-t-on se retrouver avec des enterrements de vie de jeunes filles, des anniversaires ou autres fêtes canailles en ces lieux où le Parlement décide de l’avenir de notre canton? Réponse de Jean Romain: «Il ne s’agit pas d’y accueillir des anniversaires ou des mariages mais plutôt des institutions internationales, par exemple. Je souhaite que cette salle demeure institutionnelle.»

Discussions avec la Ville

Et la Ville de Genève dans tout ça, elle qui utilise gratis la salle du Grand Conseil pour ses séances du Conseil municipal? Va-t-elle devoir aussi passer à la caisse? «Nous sommes en discussion et la Ville est un hôte privilégié», indique sobrement Jean Romain. Et d’ajouter: «Il y a tout de même des frais!» Que l’on parle de l’utilisation des locaux, des photocopieuses, de l’électricité, du personnel, etc. A notre connaissance, seul l’huissier était payé par la Ville de Genève lors des séances du Conseil municipal.

Contactée, la maire de Genève Sandrine Salerno, nous a renvoyés vers l’ancien maire jusqu’à début juin, à savoir le conseiller administratif Sami Kanaan qui s’est occupé du dossier. «Avec Monsieur Eric Bertinat, alors président du Conseil municipal, Monsieur Kanaan a initié une démarche de travail avec la présidence du Grand Conseil. Une séance a d’ailleurs eu lieu avec Jean Romain et Jean-Marie Voumard, ancien et nouveau présidents du parlement cantonal», confirme Félicien Mazzola, collaborateur personnel de Sami Kanaan. Les démarches se poursuivent, donc. Pour la Ville, il est difficilement envisageable de «louer» la salle pour le Conseil municipal, mais une participation aux frais reste ouverte. «Une solution pourra certainement être trouvée, il serait en tout cas absurde d’avoir deux salles distinctes pour les deux parlements genevois», répond Félicien Mazzola.

Payer «un petit quelque chose»

«Personnellement, je trouverais normal que l’on verse un petit quelque chose», glisse un élu municipal qui souhaite conserver l’anonymat. Tout le problème va résider dans le prix de ce «petit quelque chose». Et en l’état, la question des tarifs n’a pas encore été véritablement abordée. Pour Jean Romain, «quelles que soient les réticences, le statu quo ante n’est pas envisageable».