«Sortir les boulangeries du pétrin!»

PROJET DE LOI • La droite réclame l'autorisation pour les boulangers d'ouvrir 7 jours sur 7. La gauche s'y oppose.

  • Les boulangeries souhaiteraient pouvoir ouvrir 7 jours/7.

    Les boulangeries souhaiteraient pouvoir ouvrir 7 jours/7.

Pourquoi les boulangeries sont-elles fermées un jour par semaine à Genève? Tout simplement parce que la loi l'exige! Mais pour certains boulangers, pâtissiers et confiseurs, cette loi les pénalise, notamment parce que les shops et autres stations-service ne sont pas soumis au même régime horaire.

Perte de clients

«J'ai une boulangerie depuis des années à Châtelaine. Dernièrement, de nouveaux shops vendant du pain précuit se sont installés dans mon quartier. Ils ont le droit d'ouvrir sept jours sur sept. Cherchez l'erreur. On se moque de nous!» Alain Jenny souhaite ne plus être roulé dans la farine par une loi qu'il estime inéquitable. Et il n'est pas le seul. Un autre confrère de Cointrin a vu, pour sa part, son chiffre d'affaires dégringoler depuis l'ouverture de stations-service non loin de sa boulangerie, à l'avenue Louis-Casaï.

Inégalité

«La Loi sur les heures d'ouvertures stipule que les boulangeries qui travaillent durant les congés dominicaux doivent obligatoirement fermer un jour de semaine. Ce qui n'est pas le cas des épiceries des stations-service», pointe Jacques Jeannerat, président de la Chambre de commerce, d'industrie et des services. Avec le soutien de nombreux partis de droite, le député libéral-radical (PLR) a déposé un projet de loi, en vue de remédier à cette inégalité de traitement: «Il concerne la révision des jours ouvrables et non la durée de travail, poursuit-il. Cela n'engendrera donc pas d'heures supplémentaires. Au contraire, cela permettra de créer de l'emploi, notamment pour les étudiants.»

Label Terre-Avenir

Et Frédéric Hohl, député PLR de renchérir: «Le Canton soutient la marque Genève Région Terre-Avenir pour la promotion des produits agricoles dans le respect du principe de la production intégrée, note-t-il. Les boulangers ne vendent pas des pains précuits ou congelés, mais contribuent justement à la promotion de ce label.»De son côté, la gauche ne voit pas cette modification des horaires d'un bon œil: «Il s'agit de contourner une défaite, s'indigne la députée socialiste Loly Bolay. La gauche a en effet gagné par référendum contre l'ouverture des magasins en nocturne. Or, je constate que la droite a cette mauvaise habitude de revenir par la petite porte lorsqu'elle essuie une défaite!» Le Grand Conseil se prononcera dans la première quinzaine d'octobre sur l'opportunité ou non de sortir les petits boulangers de ce pétrin.