«Une gravière dans mon jardin!»

AIRE-LA-VILLE • Une gravière vient d'être autorisée à l'insu de la population locale. Un habitant réplique en déposant un recours au Tribunal administratif.

  • La digue, qui se trouvera à 100 mètres des habitants, sera cachée par un tas de gravier.

    La digue, qui se trouvera à 100 mètres des habitants, sera cachée par un tas de gravier.

«Je ne veux pas d'une exploitation à 100 mètres de chez moi!», tonne Vladimir Agueci, habitant d'Aire-la-Ville. Vert de rage suite à la validation d'un projet d'extraction de gravière, il vient de déposer un recours au Tribunal administratif de première instance. Cette digue a été ratifiée depuis peu par le Canton et le Conseil municipal dans le cadre du plan directeur sur les gravières. Mais elle ne fait pas l'unanimité: «Il faudra au moins dix ans pour retrouver un sol de qualité, déplore un agriculteur dont les terrains sont menacés par le futur chantier. Ça me désole.»

Gravières historiques

Pourtant, la commune n'est pas novice dans l'extraction de gravier. Elle est même passée maître dans l'art avec huit zones d'exploitation pour plus de 20% de son territoire communal: «Nous vivons avec les gravières depuis une cinquantaine d'années au moins, souligne Barthélémy Roch, maire d'Aire-la-Ville. En plus, les parcelles concernées figurent dans le plan directeur cantonal des gravières!» Quant au Canton, il minimise l'ampleur du projet: «Les gravières constituent une gêne temporaire, insiste Jacques Dupasquier, chef des déchets au Service de géologie. Une fois qu'on aura remblayé, le terrain sera rendu à l'agriculture.» A noter que l'exploitation peut durer une trentaine d'années.

Chacun son combat

Si l'Etat impose sa loi sur les gravières, certaines municipalités, quant à elles, résistent. A l'image de Soral, Laconnex, Cartigny, Avusy et Chancy. Ces communes se sont unies pour combattre l'installation du tri des déchets dans les zones à gravier sur leur territoire. «Le traitement des déchets doit se faire en zone industrielle et non pas sur nos terrains agricoles, insiste ainsi Jean-Claude Egger, maire de Soral. C'est une question d'ésthétique, mais aussi d'agriculture.»

Trop près

A Aire-la-Ville, la beauté du paysage est d'ailleurs au cœur des contestations puisque, pour la première fois, la digue se rapprochera des habitations: «La distance entre la gravière est les habitants va effectivement se réduire, reconnaît Barthélémy Roch. Mais la distance minimale de 100 mètres sera respectée pour le nouveau projet et il n'y aura pas de nuisances supplémentaires.» Un discours qui révolte Vladimir Agueci: «J'ai sué pour devenir propriétaire de ma petite villa. Mais avec l'arrivée de la gravière, non seulement elle va devenir inhabitable, mais elle perdra de la valeur!»