«Insalubre, vétuste, sombre et délabré.» C'est en ces termes que les députés du Mouvement citoyens genevois (MCG) du Grand Conseil qualifient le poste de police de la Servette, vieux de 42 ans. Objet d'une motion depuis le 7 septembre, le bâtiment détérioré de l'avenue Wendt est en mal de travaux depuis de nombreuses années déjà: «Les parlementaires sont sollicités à ce propos depuis 1994, s'insurge Mauro Poggia, conseiller national MCG et cheville-ouvrière de la motion. Il est urgent d'agir. Pourtant, rien n'a été fait.»
Tout à refaire
Les problèmes signalés par le MCG comportent aussi bien le manque de vestiaires que l'emplacement des locaux policiers de la Servette. «Ce poste ne répond pas aux exigences requises, tant pour le public que pour l'accueil d'avocats, de médecins et de personnes privées de liberté, affirme le texte de la motion. Ces prévenus en détention, d'ailleurs, dérangent toujours les habitants de l'immeuble en hurlant leur colère, frappant contre les murs, etc.» Sans oublier l'inadéquation des espaces destinés à l'accueil des prévenus: «Deux violons ont été aménagés, mais faute d'isolation, ils ne peuvent pas toujours être utilisés.»
Etat silencieux
En réponse à ces revendications, l'Etat reste muet: «Nous ne pouvons pas prendre position sur un objet parlementaire en suspens, explique Bernard Favre, secrétaire général adjoint du Département de l'urbanisme. Le Conseil d'Etat répondra par la voie parlementaire lorsque le Grand Conseil débattra de cette motion.» Quand? «Le Grand Conseil est seul maître de son agenda et il n'est pas certain qu'il adopte cette motion. Si le député avait déposé une question écrite au lieu d'une motion, il aurait eu une réponse en moins de deux mois.»
Problème étendu
Selon Christian Antonietti, président de l'Union du personnel du corps de police (UPCP), le problème de la vétusté des locaux s'étend bien au-delà des locaux policiers de la Servette: «La quasi-totalité de la dizaine de postes de police en ville mériterait d'être rénovée, assure-t-il. Cela dit, à la Servette, le problème est particulièrement grave. Là-bas, les policiers sont trop nombreux pour l'espace à disposition et leurs conditions de travail y sont particulièrement difficiles. Il n'y a même pas assez d'ordinateurs.» Et de se remémorer: «Avec mes 33 ans de service, je suis déjà passé par ce poste. Et il est évident qu'il y a du travail à faire.»