Une toile de maître s’est volatilisée…

MYSTERE • Un tableau du Caravage avait été légué au Musée d’art et d’histoire, qui dément le posséder. Une Genevoise retrouve le cadre dans la rue…

  • Ce cadre, trouvé dans la rue, a-t-il ou non contenu une toile du Caravage? DR

    Ce cadre, trouvé dans la rue, a-t-il ou non contenu une toile du Caravage? DR

  • Ce cadre, trouvé dans la rue, a-t-il ou non contenu une toile du Caravage? DR

    Ce cadre, trouvé dans la rue, a-t-il ou non contenu une toile du Caravage? DR

Le Musée d’art et d’histoire (MAH) possédait-il un Caravage, peintre majeur du XVIIe siècle? La question peut paraître saugrenue, mais elle mérite pourtant d’être posée. A la lecture d’un ouvrage de Philippe Monnier, qui écrivait ceci dans sa Genève de Töpffer publié en 1914: «Le Musée construit, il s’agit de le remplir. Duval de Cartigny, qui donne un Caravage; Rousseau, deux Breughel et un Velasquez». Troublant non? Mais alors, où est donc passé ce chef-d’œuvre?

«Si on avait un Caravage dans notre collection, je serais au courant!», s’exclame, amusé, Jean-Yves Marin, le directeur du MAH. « La plupart des tableaux qu’on a attribués jadis au maître italien n’étaient pas de lui. L’évolution des techniques d’analyses a permis de démontrer qu’il s’agissait souvent de toiles d’atelier ou de copies inspirées.»

Découverte stupéfiante

L’histoire aurait donc pu s’arrêter là. Si une passante n’avait pas fait une découverte stupéfiante dans la rue. «J’ai trouvé devant l’immeuble Le Corbusier un grand cadre orné de moulures à l’ancienne», témoigne cette Genevoise, qui tombe des nues en découvrant l’identité de l’artiste, gravée sur la plaque en cuivre: «Caravage 1569-1609!»

L’avis de l’expert

Un sacré rebondissement, assurément, qui accréditerait a priori les dires de l’écrivain genevois. Mais s’agit-il vraiment d’un cadre du Musée? Et abritait-il réellement une toile de ce peintre vénéré? Rien n’est moins sûr. Pour tenter d’en savoir plus, nous l’avons fait expertiser par une spécialiste en cadres anciens. «Il s’agit clairement d’une copie d’un cadre Louis XVI réalisée au 19e siècle», certifie Céline Berndt Clerc. «Malgré les clés qui ferment le cadre à l’arrière, on peut bien voir que les décors de perles sont moulés et non sculptés. Ce qui ne veut pas dire que ce cadre n’a jamais contenu une véritable toile du Caravage.» Et à qui appartenait-il? Le mystère reste entier.

Une autre piste

JFt • Et si ce tableau n’avait jamais quitté le Musée? Ma foi, c’est probable. Le MAH possède, en effet, une toile anonyme de style caravagesque, intitulée Les Chanteurs, un don de Jacob David Duval justement. D’où sans doute la confusion à l’époque. Le cadre trouvé dans la rue abritait donc un autre Caravage, vrai ou faux, qui, lui, s’est bel et bien volatilisé…