«Toujours libre et indépendant»

  • Jean-Marie Fleury: «GHI divertira pendant de longues années encore ses lecteurs.» DR

    Jean-Marie Fleury: «GHI divertira pendant de longues années encore ses lecteurs.» DR

Lorsque le 6 novembre 1970 j’ai publié le tout premier journal gratuit tous ménages de Suisse romande, j’avais à peine 28 ans! Presque encore un gamin mais surtout un véritable bleu dans la profession qui ne connaissait absolument rien du métier d’éditeur et qui savait à peine comment se fabriquait un journal. C’est dire que j’ai dû tout apprendre sur le tas, de l’élaboration d’une maquette de journal, à la composition des pages en passant par l’impression évidemment. Mais auparavant, bien sûr, il fallait avoir créé les pages rédactionnelles et vendu la publicité qui devait couvrir les frais d’édition et de distribution dans tous les ménages de la région.

Journal le plus lu

C’était tout simple, pensais-je alors. C’est du moins ce que je m’imaginais du haut de mon quart de siècle d’existence. En théorie oui, mais en pratique ce ne fut pas facile, tant s’en faut! Il m’a fallu cravacher et beaucoup travailler pour y arriver. Mais j’étais jeune et ambitieux. J’avais alors la rage de vaincre et de convaincre. Je croyais dur comme fer à mon projet. Après quelques années difficiles, le GHI s’est finalement imposé et est très vite devenu le journal le plus lu dans la région genevoise, devançant ainsi toutes les autres publications diffusées dans la même zone. Il est devenu incontournable pour les annonceurs et indispensable pour les Genevois. Que ce soit pour trouver un appartement, un boulot, une voiture ou sa future compagne, GHI était le numéro un. Il contenait à lui tout seul toutes les annonces publiées aujourd’hui sur la toile.

Mais, ce qui a toujours fait la force du journal, c’est sans conteste sa rédaction. Libre d’esprit, un rien frondeur et souvent engagé dans une cause ou l’autre, GHI s’est toujours distingué par ses articles exclusifs et parfois explosifs qu’on ne pouvait pas lire dans la presse traditionnelle.

Révolution numérique

Après avoir échappé au rachat de mes journaux par Christophe Blocher en 2018, GHI et Lausanne Cités sont maintenant totalement indépendants et ils continuent à caracoler en tête des médias dans leur zone de distribution. J’en suis très fier.

Mais on ne peut ignorer que la presse écrite est en grande difficulté. La révolution numérique a changé la donne et la grande majorité de la publicité, qui faisait vivre les journaux, a bifurqué vers la Toile. Je suis pour ma part convaincu que la plupart des supports papier auront disparu dans moins de cinq ans. Certains titres se retrouveront sur Internet et se battront pour survivre. Et ce ne sont pas les quelques millions que l’Etat consacrera à l’aide aux médias – dont les journaux gratuits ont curieusement été exclus – qui permettront de sauver les journaux papier.

Remerciements

Dans ce contexte difficile, seuls les meilleurs survivront en sachant tirer leur épingle de ce jeu compliqué. Pour ma part, je suis confiant que GHI sera l’un d’eux et qu’il divertira pendant de longues années encore ses 160’000 lecteurs que je remercie ici pour leur fidélité. Et je n’aimerais pas terminer ce billet sans exprimer aussi ma gratitude à nos annonceurs dont certains utilisent le GHI depuis… cinquante ans. Sans eux rien n’aurait été possible.