Autoroute à 80 km/h: le lièvre ou la tortue?

- La proposition de l’OFROU d’abaisser provisoirement la vitesse à 80km/h sur l’autoroute passe mal.
- Elle suscite une vague de protestations sur les réseaux sociaux où on dénonce une dictature de la lenteur.
- Les spécialistes de la mobilité comprennent cette exaspération, mais tendent à relativiser.

  • Pour fluidifier le trafic aux heures de pointe, l’OFROU veut limiter la vitesse à 80 km/h sur certains tronçons. VERISSIMO

    Pour fluidifier le trafic aux heures de pointe, l’OFROU veut limiter la vitesse à 80 km/h sur certains tronçons. VERISSIMO

«Il y a une sorte d’écologisme rampant»

Claude Miffon, ancien président de l’ACS

«Encore une mesure stupide qui vise à brimer les automobilistes!» «C’est du n’importe quoi! La seule mesure efficace pour fluidifier le trafic, c’est trois pistes et monter la vitesse à 140. Plusieurs pays l’ont fait et ça marche!» «Limiter à 80 km/h là où on roule déjà à 20 km/h aux heures de pointe, il faut être un fonctionnaire génial pour y avoir pensé!»

Vague de protestations

La mesure envisagée récemment par l’Office fédéral des routes (OFROU) d’abaisser temporairement la vitesse de 120 à 80 km/h sur certains tronçons autoroutiers pour en fluidifier le trafic, n’a pas laissé l’automobiliste lambda de marbre. Bien au contraire! Sur les réseaux sociaux, comme dans les «Courriers de lecteurs» de nombreux journaux, ils s’en donnent à cœur joie. Le plus souvent pour fustiger un Office qui développe des idées qualifiées d’ineptes, dénoncer une dictature de la lenteur et afficher leur ras-le-bol de voir une fois encore les automobilistes pris pour cibles.

Ras-le-bol justifié

«Cette exaspération est bien compréhensible, explique Moreno Volpi, le responsable de la communication du TCS. Elle reflète l’état d’esprit d’une catégorie de citoyens qui se sentent stigmatisés dès que la problématique de la mobilité est abordée. Regardez ce qui s’est passé lors de la campagne sur l’augmentation du prix de la vignette et regardez ce qui s’est passé autour de la votation sur le FAIF. Nombre d’automobilistes se sentent visés et manifestent leurs craintes, notamment sur les réseaux sociaux. Nous avons pu mesurer cet état d’esprit puisque nous avons combattu avec force l’augmentation du prix de la vignette et soutenu résolument le FAIF!»

«Ce ras-le-bol est justifié. On se fiche de la population, notait pour sa part Claude Miffon, ancien président de l’ACS (Automobile club de Suisse), récemment interrogé par la RTS. Il y a une sorte d’écologisme rampant. Dans les années quatre-vingt, on a réduit la vitesse à 120 km/h parce que les forêts étaient soi-disant en train de mourir alors qu’elles ne s’étaient jamais aussi bien portées.»

«Il faut relativiser le phénomène, note pour sa part Giuseppe Pini, directeur de l’Observatoire universitaire de la mobilité. Car la volonté de réduire la vitesse sur les routes n’est pas nouvelle.» Et de citer la multiplication des zones à 30, voire 20 km/h dans les villes, comme de rappeler que les réductions de vitesse à 80 km/h sont déjà légion sur certains tronçons autoroutiers suisses, comme à la hauteur de Morges.

De manière temporaire

«Une étude de l’EPFL a récemment démontré que cette solution n’avait aucune raison d’être si elle n’était pas introduite de manière ciblée et temporaire pour solutionner des problèmes ponctuels», ajoute Giuseppe Pini pour lequel il est clair que la phase de réduction de vitesse généralisée à laquelle nous assistons est aussi due au fait que les infrastructures routières sont aujourd’hui saturées. «Tant que les automobilistes seront contraints d’utiliser leur voiture pour accéder à certains lieux, ils se sentiront pris au piège et auront le sentiment qu’on leur en veut!»

Ce que Moreno Volpi conclut à sa manière: «On ne pourra pas résoudre le problème de la mobilité sans développer la complémentarité des moyens de transport et sans augmenter la capacité des infrastructures. Je ne parle pas de bétonner tous azimuts, mais d’adapter le réseau routier là où c’est nécessaire!».

Mesures plus contraignantes

PK • Depuis le 1er janvier 2014, certaines modifications du droit de la circulation routière sont entrées en vigueur. Elles font partie du second paquet de mesures du programme de sécurité routière de la Confédération «Via sicura» et apparaissent pour beaucoup d’automobilistes comme autant de nouvelles mesures contraignantes.

Usage diurne obligatoire des phares: il est désormais obligatoire de circuler en Suisse avec les feux allumés, même pendant la journée. Cette obligation s’applique aux automobilistes, aux motocyclistes et aux camionneurs. Cela signifie qu’ils doivent enclencher soit les feux de croisement, soit les feux de circulation diurnes. Tout contrevenant s’expose à une amende de 40 francs.

Interdiction de conduire sous l’influence de l’alcool: la conduite sous l’influence de l’alcool (≥ 0,10 pour mille) est désormais strictement interdite pour les nouveaux conducteurs qui détiennent un permis de conduire à l’essai, les chauffeurs professionnels, les élèves conducteurs, les moniteurs de conduite et les accompagnants lors de courses d’apprentissage.

Evaluation de l’aptitude à la conduite: dès le 1er juillet prochain, quiconque conduira avec un taux d’alcool dans le sang de 1,6 pour mille ou plus sera obligatoirement privé de son aptitude à la conduite et devra se soumettre à une évaluation par un médecin expert.

Amendes d’ordre: en cas d’infraction routière, si le contrevenant ne peut pas être identifié, le détenteur du véhicule est tenu pour responsable. Ainsi, les détenteurs ne pourront plus invoquer, au sein de leur famille, le droit de refuser de témoigner et laisser l’amende impayée.