Les restructurations subies par le secteur bancaire genevois depuis plusieurs années sont en train de mettre à genoux les employés. C’est l’analyse de Carlo*, dont l’expérience de gestionnaire de fortune dans un grand établissement de la place est supérieure à quinze ans. Lessivé, stressé, démotivé, il confie le malaise qui touche un grand nombre de ses collègues: «Tout le monde à la trouille de perdre son emploi. Depuis le début de l’année, la moitié de mon équipe a déjà été licenciée. Du coup, on bosse trois fois plus, certains explosent en vol et les autres se taisent.»
Boule au ventre
Illustration de cette tension extrême, en arrivant au siège de sa banque la semaine dernière, son badge ne fonctionnait plus: «J’étais convaincu d’avoir été viré! En fait, il s’agissait juste d’un problème informatique. Je vais tous les jours travailler avec la boule au ventre. C’est horrible!» Combien sont-ils actuellement dans la même situation? Des dizaines? Vraisemblablement des centaines.
Stress et angoisse
Pour Denise Chervet, directrice de l’Association suisse des employés de banque, il y a lieu de tirer la sonnette d’alarme: «L’avenir est assez incertain. La restructuration pousse les employés à sans cesse s’adapter, intégrer de nouvelles techniques et exigences légales, modifier des façons de faire et être très mobile. Cela provoque pas mal de stress et d’angoisse. Et suite aux mesures d’économie, le travail est réparti sur un plus petit nombre de personnes.»
Hémorragie de personnel
Si les effectifs du secteur bancaire se sont quelque peu stabilisés depuis le début de cette année, les coupes massives de 2016 ont clairement laissé des traces. En l’espace de douze mois, 3500 postes ont été biffés sur l’ensemble du territoire helvétique. Dans cette morosité ambiante, la Banque cantonale de Genève fait figure d’exception avec 17 postes créés l’an dernier.
Qualité des services
Lors de sa dernière conférence annuelle, la Fondation Genève Place Financière avait tenu à rappeler par la voix de son président Yves Mirabaud: «La réputation de la place financière dépend largement de la qualité des services offerts. Or, ces derniers reposent sur l’expertise et les compétences des 37’000 collaboratrices et collaborateurs qui travaillent à Genève.» Avec une évidente tendance à la consolidation, pas sûr que les années à venir s’annoncent plus paisibles pour les employés de banque. Pour Carlo*, la décision est déjà prise: «Je vais démissionner le mois prochain et changer de métier.»
*prénom d’emprunt connu de la rédaction