Bâti: Meyrin et Vernier dévoilent leurs trésors

  • Le temple de Châtelaine. a. durruthy

    Le temple de Châtelaine. a. durruthy

  • L’école de Meyrin Village. c. theiller

    L’école de Meyrin Village. c. theiller

  • Antonio Hodgers  Steeve Juncker

    Antonio Hodgers Steeve Juncker

«Le recensement du patrimoine bâti de Meyrin et Vernier, deux des principales communes du canton, vient d’être achevé», révèle avec fierté Antonio Hodgers (médaillon), conseiller d’Etat chargé du Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie (DALE). «En dix-huit mois de travail, 4133 bâtiments ont été recensés, soit 1757 à Meyrin et 2376 à Vernier», détaille aussitôt celui qui a fait de la protection du patrimoine un combat prioritaire. «L’exiguïté du territoire, la densification, la crise du logement, la croissance démographique et la transition énergétique mettent le patrimoine sous forte pression. L’identifier et le protéger est un enjeu majeur», martèle-t-il. 
 
Immeubles contemporains
Nouveauté du recensement mené depuis septembre 2015, les vieilles pierres n’ont plus l’exclusivité des experts. «La typologie des bâtiments est en effet très variée», précise de son côté Matthieu de la Corbière, directeur du Service de l’inventaire des monuments d’art et d’histoire. «Dans les années 1970, l’accent était mis sur l’architecture rurale et ancienne. Aujourd’hui, on porte un regard nouveau sur le bâti du XXe siècle, y compris certains grands ensembles de logements comme la cité des Avanchets à Vernier ou un petit immeuble rare à Meyrin, construit en 1934 et dont la façade sur rue est caractéristique de l’esthétique Art Déco», détaille-t-il. Avant de préciser: «L’inventaire complet sera accessible sur Internet, courant 2018.»
 
Digne de protection
But de la manœuvre? «Informer et éviter qu’on défende des bâtiments dignes de protection trop tard, répond Antonio Hodgers. Pour cela, nous devons rappeler aux urbanistes et architectes que Genève n’est pas une page blanche, vierge. Que le patrimoine représente une histoire, une identité et ses habitants.» Si pour le magistrat, la conservation du bâti doit devenir une des composantes majeures du développement du territoire, pas question pour autant de mettre le passé sous cloche. «Genève n’est pas Ballenberg, le patrimoine doit être vivant, utile… Nous devons concilier la valeur patrimoniale et la valeur d’usage. Et cela pour l’ensemble du canton.» Autrement dit, une surface à inventorier gigantesque. «Oui, le plan directeur cantonal 2030 prévoit, pour la première fois, le recensement exhaustif du patrimoine bâti de Genève», détaille le chef de projet Frédéric Python, historien de l’art et chargé du recensement. «Nous estimons à environ 46’000 le nombre total de bâtiments qui n’ont pas fait l’objet d’une analyse. C’est en partie à cause de ce volume colossal que le travail n’a pas été effectué auparavant», précise Matthieu de la Corbière. «Pour combler le retard, nous avons prévu de recenser près de 6000 bâtiments par an. En 2018, ce sera ainsi au tour des communes de Dardagny, Russin, Satigny, Bernex, Confignon, Lancy et Hermance. A ce rythme, nous devrions avoir terminé l’inventaire de tout le canton autour de 2023», planifie-t-il.
 
1 million par an
Reste à savoir si l’Etat s’est doté des moyens suffisants pour atteindre ses ambitieux objectifs… «Oui. Le budget alloué est de 1 million par an, financé par l’Office de l’urbanisme, clarifient aussitôt les responsables. Le recensement a été confié, sur appels d’offres, à un chef de projet et à quatre bureaux de recenseurs mandataires. Ce qui représente à ce jour un effectif de 22 personnes», précise le directeur du projet. «Avec ce recensement, les conditions sont réunies pour que le développement du canton puisse se faire en bonne intelligence», conclut de son côté Antonio Hodgers.

Valeur indicative

Pour mémoire, rappelons qu’à Genève le recensement architectural mené par le Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie (DALE) n’a pas de valeur légale. Bien que précieuses, ses investigations et évaluations représentent avant tout une valeur indicative forte. «Cette valeur influence directement la qualité de vie d’un lieu, pointe Frédéric Python, historien de l’art et chargé du recensement cantonal. Identifier le patrimoine permet aussi d’identifier ce qui ne l’est pas. Notre cartographie peut donc faire gagner beaucoup de temps aux collectivités publiques, propriétaires et associations pour la connaissance et la sauvegarde du bâti digne de conservation.» Autre précision, l’évaluation se fait sur la base d’une échelle de quatre notes. «Exceptionnel», «Intéressant», «Intérêt secondaire» et «Sans intérêt», dont l’attibution est passée au peigne fin par une commission d’experts.

Informations et renseignements: https://www.ge.ch/patrimoine/